The Lost Maestros, la superbe collection de musique malienne

Quel travail ! Quel joli travail qu’a effectué le label malien Mieruba. La petite maison d’édition basée sur les rives du fleuve Niger, dans la douce ville de Ségou travaille depuis des années à ce projet intitulé The Lost Maestros Collection, il s’agit d’un devoir de mémoire autant qu’un projet artistique qui prend la forme d’un joli coffret de 8 disques (7 EP et un album, dont on appréciera tout particulièrement l’esthétique et le choix des pochettes), de 8 artistes maliens qui tous ont connu leur heure de gloire, mais qui malheureusement ont parfois un peu sombré dans l’oubli.

Il faut dire que l’étincelle qui a permis de lancer ce projet fut le décès du regretté chanteur Mangala Camara, dont on retrouve à titre posthume le dernier EP dans cette collection ; des titres enregistrés seulement trois mois avant sa mort. Ce tragique évènement a mis en relief l’urgence de préserver et de dépoussiérer le patrimoine musical malien, ainsi que de donner une seconde chance à des artistes qui ont édifié des pans importants de la culture mandingue du XXe siècle. Si vous suivez de temps à autre notre rubrique L’instant vinyl, où nous revenons sur des disques qui ont fait l’histoire musicale du continent africain, vous aurez probablement constaté que trop souvent ces mots reviennent : « …il décédera dans la pauvreté, et l’indifférence ». C’est donc pour que plus personne n’ait à écrire ce genre de phrase que le label Mieruba a œuvré durement pendant 8 ans à retrouver, et enregistrer (en 2010 avec des premiers enregistrements au célèbre studio Bogolan de Bamako, puis ponctué par d’autres prises de son au Kôré studio de Ségou en 2016) ces 8 grands noms de la musique malienne.

Et justement qui sont-ils ces 8 artistes que vous retrouverez dans The Lost Maestros ?!

Trico Boy Rue 14

Il est l’un des précurseurs de la musique moderne malienne. Ses premières expériences musicales remontent à 1968 avec l’orchestre « Pionnier Jazz » de Médina Coura. Il rejoint la Côte d’Ivoire aux débuts des années 70 et fonde « Les Asselars » avec Cheick Tidiane Seck et Mahamane Tandina. Après 50 ans de carrière musicale, il sort ici son tout premier album. En choisissant comme titre « Rue 14 », il jette un clin d’œil à ses débuts et plus particulièrement à Médina Coura où il vit toujours. Devenu l’un des doyens de ce quartier populaire Bamakois, il continue d’y jouer sa musique avec entrain.

 

Zoumana Tereta Bozo Fama

Maitre incontesté du « So-kou » (violon monocorde), Zoumana Téréta a accompagné de nombreux artistes musiciens du Mali (Bassékou Kouyaté, Ali Farka Touré, Oumou Sangaré, Djénéba Seck, Toumani Diabaté,…). Enfant, il partait répéter sous les baobabs à l’écart de son père qui lui interdisait de jouer cet instrument. Zoumana Téréta dit Zou vient de Saï dans le cercle de Macina (Ségou/Mali). Zoumana, le Bozo, a longtemps sillonné les routes entre la Côte d’ivoire et le Mali accompagné de son instrument fétiche, une vièle monocorde frottée par un archer. On le retrouvera ensuite au Badema national et à l’Ensemble instrumental national du Mali. Décédé en 2017, il avait sorti son premier album « Niger Blues » en octobre 2003. Dans « Bozo Fama » cet album posthume, il revisite le répertoire pentatonique Bambara de Ségou toujours accompagné de son violon.

 

Ashkia Mobido Kone Héritage

Askia Modibo, de son vrai nom Modibo Koné, est un musicien et chanteur malien, né en 1968 à Ké-Macina (Ségou, Mali). Originaire d’une famille songhaï, il débute dans la musique par des chansons traditionnelles bambara sous le nom de Modibo Koné. Dès 1988, il enregistre «Wass Manding», sa première cassette. Il rencontrera Alpha Blondy en Côte d’ivoire qui finance son album «Allah Akbar». Il enregistre en 1996 avec Syllart records un cd intitulé «Wass-reggae» avec comme titre phare «Les Aigles». Considéré comme reggae man, il place lui même son dernier album «Héritage» dans le registre du «mandingue-blues.»

Ce disque jouit également d’un habillage vidéo avec le clip du titre « Faut Pas Tirer », qui sonne un peu comme une réponse au fameux « Ancien Combattant » de Zao.

 

Namakoro Fomba Baniko 

lI fait ses débuts dans sa ville natale, Dioïla, au sein de l’orchestre «Baniko Jazz». Dans la région de Koulikoro (Mali), il participe à plusieurs biennales culturelles. Puis, il part pour la Côte d’ivoire et y rejoint Sory Bamba et son groupe «Le Kanaga de Mopti». Il travaille ensuite avec Koko Dembélé avec qui ils feront l’enregistrement de leurs premiers albums respectifs. Namakoro possède un répertoire typiquement bambara évoquant le culte du komo. De sa voix à la pureté singulière, ce vieil homme fait toujours danser tout ceux qui l’écoutent.

 

Tambaoura Jazz Tribute To Mangala

Le Tambaoura Jazz s’est formé à Kenieba dans le cadre des semaines culturelles régionales du Mali des années 70. Chaque région envoyait son meilleur orchestre concourir à Bamako. Composé de Mangala Camara, Bolé Sékou, Djelibani Sissoko et Broda Diabaté, ce groupe leur à servit de point de départ dans leurs carrières musicales. Après plus de 40 ans d’existence, l’enregistrement de ce premier album les a à nouveau réunis.

 

Tiowa Dembele Bwa

Les bobos parlent bwa, Tioya Dembele est le dépositaire de cette tradition musicale bobo si influente dans la musique ségouvienne. Il devient le représentant d’une des ethnies les plus minoritaires présente actuellement sur une partie du Mali et du Burkina Faso.

 

Labouzou Môbaso

Grand percussionniste, il est classé parmi les cinq masters drummers du continent. Daouda Dembélé dit Labouzou débute la musique auprès de ses grands frères du Super Binton comme Papa Gaoussou Diarra et Aboubacar Issa. Labouzou transmet ses connaissances à la nouvelle génération au sein d’une école de Ségou. Il est aussi spécialiste dans la confection de percussions. Labouzou revient sur scène avec «Môbaso», une réfèrence au bar dancing le plus populaire de Ségou où il a l’habitude de jouer.

Ce disque se pare d’images dans un joli visuel noir et blanc du titre « So Happy In You ».

 

Mangala Camara Renaissance

Mangala Camara est né en 1960 à Kéniéba, dans la région de Kayes. Il rejoint le Tambaoura Jazz de sa ville natale dès ses 11 ans ! Il participe à différentes éditions -1980 et 1982- de la Biennale artistique et culturelle du Mali avec l’Orchestre régionale de Kayes. Il devient choriste et batteur chez les «Ambassadeurs du Motel» et va, à travers cette expérience, commencer les tournées avec Salif Keita. Il est lauréat du grand prix RFI Découvertes en 1986. Il revient au Mali en 2001 après un séjour en France. Il enregistre « Chants et musiques de Griots », un album plus traditionnel. En 2006, il finalise son album «Minye Minye» (je suis comme je suis) qui rencontre un certain succès. C’est la même année qu’il chante «Mali Sadio». Lui qui aimait se dire la réincarnation de Kamadjan Camara, un des chefs de guerre de Soundjata Keita, s’est éteint trop vite, à l’âge de cinquante ans. Cet EP posthume, enregistré trois mois avant son décés, a vu la particpation de plusieurs grands instrumentistes. Mangala renoue ici avec le répertoire de son Kéniéba natal.

 

Comme toujours n’hésitez pas à suivre les liens des albums de The Lost Maestros et à les acheter !!!

 

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