Alors que la terre de ses ancêtres est en plein collapse, assaillie par des armées étrangères, rongée par la famine et la guerre civile, le musicien, inventeur et même charpentier (et dieu sait que les charpentiers dans cette région du monde peuvent faire de grandes choses !) d’origine yéménite, Eyal El Wahab s’est plongé, le cœur en avant, dans la musique de cette petite terre endolorie à la confluence du Moyen-Orient, de la péninsule arabique et de l’Afrique, et a monté El-Khat.
Ce quatuor, basé à Tel-Aviv et dont les membres sont originaires du Maroc, de Pologne, d’Irak, et du Yémen, s’enfonce dans les méandres de la musique yéménite des années 50 aux années 70 ! El Khat fait fuser des claviers, expérimente des chants tribaux d’un autre âge, y insuffle des tourbillons d’ethio-jazz, revisite le dabke à grands coups de casserole, et autres instruments fait de bric et de broc, et même de roues de vélo, et fait des allers-retours entre l’Afrique et le Yémen, comme les bateaux qui transportent cette fameuse plante dont le groupe tire son nom, le khat !
Et, comme si vous aviez chiqué un peu de ce khat, vous risquez fort après l’écoute de ce disque… car, oui, il y a un disque, un très bon même, qui répond au doux nom de Saadia Jefferson et qui sort chez Batov Records à la fin du mois. Nous disions donc que, après l’écoute de ce Saadia Jefferson, vous risquez de ressentir comme un léger effet euphorisant… pourquoi léger ?! un puissant effet ! Un uppercut d’euphorie ! Des amphètes sonores de haute volée qui vous laisseront planer entre deux eaux, entre deux terres, entre l’Afrique et l’Arabie, une puissante drogue musicale qui vous fera perdre votre arabe comme votre hébreu, et vous fera planer au-dessus d’un Yémen de l’esprit, celui qui se reconstruit dans la tête de Eyal El Wahab, avec le souvenir et la créativité, alors que le Yémen, le vrai, lui, se meurt sous les bombes saoudiennes.
El Khat – Saadia Jefferson :
Si vous avez apprécié le contenu de cet article sur « Saadia Jefferson » le dernier album de El Khat, n’hésitez pas à visiter notre page facebook et a y réagir, et pourquoi pas même nous encourager d’une petite mention « j’aime ».