Lumière sur Malouma

Malouma Mint Mokhtar Ould Meidah, dit Malouma, est né en 1960, dans une petite commune du sud ouest de la Mauritanie, à 50 kilomètres de Rosso, la ville frontière avec le Sénégal. Issus d’une lignée d’Iggawen (les griots en Mauritanie) elle a appris très jeune, la poésie, la musique, la pratique de l’ardin, un genre de harpe dont l’usage est réservé au femmes. Mais rapidement ses ambitions dépassent le cadre de l’apprentissage que son père lui professe, elle n’arrive pas à accepter les inégalités qui émaillent la société mauritanienne, elle écoute d’autres musiques, orientales, bédouines, et surtout le blues maure. Elle s’éloigne de la tradition griotique, qui veut que l’on chante la gloire de guerriers, et de nobles émirs, et chante des chansons d’amours, mais aussi des chansons ou elle s’interroge sur le droit de la femme, sur la condition des enfants, sur le sida, sur le racisme, sur la toute puissance de la classe dominante…

Un engagement qui lui vaudra d’être censuré, pendant plus de 10 années, en Mauritanie. Mais son succès, elle le rencontre auprès de la jeunesse mauritanienne, qui aime son franc parler, et sa modernité, mais aussi à l’étranger, notamment avec un concert notable au festival de Carthage en Tunisie, ou elle brille avec une nouvelle création « Habibi habeytou (Mon bien-aimé, je l’ai aimé) » qui devient rapidement un hit, et qui lui permit de passer à la télévision mauritanienne. Si les autorités du pays, lui donne accès à la TV, ils la considèrent toujours comme une iggawen, et non comme une musicienne.

Son parcours se politise elle se crée des amitiés au sein de l’opposition, continu son combat pour la démocratie et les droits de l’homme, soutient le candidat à la présidentielle Ahmed Ould Daddah en 1992, ce qui lui vaudra à nouveau la censure durant plusieurs années, et bon nombre de tracasseries. Elle sort en 1998 son premier album international, qui rencontre un succès considérables chez les jeunes. Mais ce n’est qu’en 2002 à la sortie de son album Dunya, qui intègre des rythmes de toutes les peuples mauritaniens, qu’elle accède enfin a la reconnaissance de ses pairs, qui lui accorde le statut de première auteure, compositrice et interprète de Mauritanie. Second succès l’année suivante, lorsque, avec plus de 10 000 personnes, elle marche sur le ministère de la communication, qui lèvera la censure à son encontre.

En 2007, grâce à l’aide son ami et chef de file de l’opposition, elle devient sénatrice. Enfin elle peut travailler à mettre en place des politiques de développement de la culture, de soutien aux enfants des rues, de scolarisation des jeunes filles, d’égalité des chances.

2 Comments

La diva contestataire de Nouakchott, Bannie de son pays, la Mauritanie, voici vingt cinq ans.
Artiste, reine de la chanson mauritanienne, et sénatrice, grande figure de l’opposition élue en 2007, aux premières heures démocratiques d’une République islamique abonnée aux putschs.
Censurée quinze ans durant par le régime mauritanien pour ses positions pro-démocratiques, la chanteuse et sénatrice Malouma se consacre désormais à la culture et l’environnement.

Malouma affirme : « Il faut commencer à intégrer la notion de préservation de l’environnement dans l’éducation, à l’école. Tous les médias doivent s’emparer de cette question et concentrer leurs efforts sur la sensibilisation du peuple. » Telle sera la teneur du nouveau combat de la chanteuse sénatrice.
Une fonction politique qui lui permet de mettre en œuvre ses idées : développement de la culture, du social, de l’humanitaire, soutien aux enfants des rues, droits de la femme pour une participation aux élections et au développement du pays, éducation, scolarisation des jeunes filles, égalité des chances..
Malouma l’insoumise fut de tous les combats : en musique et en poésie, elle s’est insurgée contre les mariages forcés, le racisme, la marginalisation des castes les plus démunies, a lutté contre le sida, pour la vaccination des enfants, l’alphabétisation, s’est rebellée contre les pouvoirs en place… Tant et si bien que la voix de la griotte fut étouffée par les autorités, interdites dans les médias, pendant près de quinze ans. « J’ai été arrêtée. Je représentais un danger pour les puissants », raconte-t-elle. Les fonctions politiques ? Elle ne les a jamais vraiment recherchées. « L’engagement fait partie de ma vie. Ces responsabilités sont venues naturellement », dit celle qui fut élevée par la France, en 2011, au rang de Chevalier de la Légion d’honneur.

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