L’interview du rappeur conscient Cyano-Gène

Cyano-Gène est un rappeur béninois/ivoirien qui fait partie de cette « génération consciente », capable de jongler entre les émotions et les ambiances, tout en délivrant, avec un flow toujours juste, des lyrics autant soignées qu’acérées.

Cyano-Gène, entouré de Ilgk, de Deejay LW, et du très bon Dalight, a récemment sorti sa mixtape Wose and Reed, anagramme de Rose & Weed… même les moins anglophones peuvent comprendre. A cette occasion l’artiste a accepté de répondre à quelques une de nos questions!!

 

L’INTERVIEW :

1. Comment t’es venu cette envie de devenir artiste?

Franchement je ne sais pas.
J’ai toujours aimé la musique et l’art en général. J’écrivais déjà à la base mais ca s’arrêtait juste à ça. Le declic avec la musique s’est produit a partir de l’engouement pour le rap grâce à mon père qui m’a fait lire quelques textes de Mc Solaar à l’époque. Du coup je voulais être comme lui, ecrire des textes forts et stimuler les gens comme il m’a stimulé, à force de taffer et d’y croire je suis devenu comme moi. Sourires.

 

2. Quels sont, aujourd’hui tes influences? Et quand tu étais plus jeune? Des artistes africains parmi elles?

Mes influences sont variées. Du hip-hop root au tradi-moderne Africain en passant par le azonto, le high life, le décalé coupé etc… On l’oublie souvent mais il y a une corrélation entre toutes les musiques. Ma réalité quotidienne et celle des gens qui m’entourent aussi y joue une grande partition sinon après,c’est une question de vecu. Plus jeune j’étais naturellement influencé par les artistes que mes parents jouaient à la maison tels que Ismaël Lo, Salif Keita, Angélique Kidjo, Meiway, Monique Seka, Nel Oliver, Afia Mala, Bailly Spinto, Fela Kuti etc… Et aussi par toute la panoplie d’artistes gospels de tous horizons et toutes origines dont ma mère était très friande bref je dois avouer que c’est tout un melting pot musical qui m’a permis aujourd’hui de mieux appréhender le sens du rythme et de la mélodie.

 

3. Comment définis-tu ton rap? Est ce qu’il se différencie du rap FR ou du rap US?

Je suis deja contre cette distinction qu’on fait entre soi disant rap fr et rap us. Je penses que tout n’est que question de flow, de swing et de lyrics. La langue en soi n’est pas une barrière car l’art en est le denominateur commun. L’art transmet des emotions peu importe le dialecte ou les origines. Il est clair que tous les rappeurs ne peuvent pas rapper pareil mais avant tout ça reste du rap. Je me definis comme un neo griot qui fait de la norder music, un derivé du hip hop dans la forme comme dans le fond mais dont les thématiques bousculent tous les codes actuels. C’est juste une musique d’éveil, un nouvel âge dans l’appréhension des choses du monde.

PS : Norder = New Order

 

4. Quel est la place de la culture, et de la musique béninoise/africaine dans ta vie, et dans ton travail?

Je m’inspire principalement de deux cultures, celle Béninoise et Ivoirienne car mes origines sont partagées entre Grand Bassam et Ouidah. Donc j’exploite à fond les potentialités infinies dont regorgent ces deux cultures. Vous aurez le temps d’en juger par vous même.

 

5. Est ce que des événements comme ce qu’il s’est passé très récemment au Burkina-Faso, t’inspires? On a vu des musiciens, des artistes, des rappeurs, au coté, voir à la tête de cet « street-revolution » ; qu’en est t’il chez toi? Peut t’on t’envisager dès à présent et à l’avenir, comme un rappeur citoyen?

J’ai toujours été un rappeur citoyen. Il ne s’agit pas forcément d’attendre des événements avant d’exprimer son ras le bol. Mon morceau « Yedoutotchekouebi » et mon remix du morceau « 3G » illustrent les incohérences sociales, politiques et culturelles au Bénin et peut même s’appliquer à l’échelle du continent vu que nous vivons pratiquement les mêmes réalités et avons été tous des « anciennes » colonies. Je trouve qu’il revient à l’artiste de poser les questions qu’il faut de sorte que cela suscite des réponses dans la conscience collective du peuple, pas à tout prix chercher à changer le monde en émettant des hypothèses propagandistes pour attiser la haine.

 

 

6. Quel est le featuring rêvé pour toi? Et avec un musicien africain?

Trois artistes me viennent à l’esprit : Fally Ipupa, Alekpehanhou (Chanteur traditionnel Béninois très grand parolier), Angélique Kidjo. Bien sûr la liste est longue mais ceux que j’ai cités sont mon Top 3.

 

7. Un thème qui te tient à cœur?

Je n’ai pas de thèmes fixes, le seul thème qui me tient à cœur c’est la réalité qui m’entoure. C’est un peu comme une toile multicolore dont les couleurs expriment une multitude de sentiments et une myriade d’émotions. Dans mes textes je peux passer de l’amour à la haine, de la colère à la paix, de la violence inouïe à la quiétude totale ou de la joie à la mélancolie. Tout dépend de l’émotion que je veux transmettre à celui qui m’écoutes. Je ne me limite pas au schéma classique du « je rappes sur un thème », c’est trop hasbeen à mon avis.

 

8. Quels sont tes futurs projets? Un album en vue?

Des inédits, un EP, des vidéos et bien sûr toujours de l’art.

 

Mixtape Wose and Reed – Cyano-Gène :

 

 

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