L’instant vinyle : 49. “Chacun a son problème” de Ignace De Souza

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyle », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques de notre collection. Et pour ce quarante neuvième opus, nous quittons la Jamaïque (cf. l’instant vinyle n° 48), prendre la direction du Bénin, pour nous intéresser au disque Chacun a son problème de Ignace De Souza.

Si son nom a tendance à être un peu oublié chez les plus jeunes générations, le Béninois Ignace de Souza n’en fut pas moins l’un des cuivres les plus brillants d’Afrique de l’Ouest, et l’un des artisans majeurs du highlife made in Bénin… et d’une certaine manière du Ghana !

Car ce musicien de renom qui a largement contribué a insufflé du highlife dans les clubs de Cotonou dès les années 50, au côté de son orchestre l’Alfa Jazz (où le saxophoniste fut initié à la trompette par le Nigérian Zeal Onyia), a dès 1955 déposé ses bagages et ses instruments dans la capitale ghanéenne, paradis musical pour tout jeune béninois passionné par E.T Mensah ! Il y restera plus de 10 ans, et deviendra l’un des piliers de la scène musicale locale (et formera même toute une génération de musiciens, dont Nana Ampadu qui se distinguera plus tard au sein des African Brothers), d’abord avec le Rythm Aces de Spike Anyankor, puis en prenant la tête du Shambros Band (orchestre sponsorisé par des hommes d’affaires libanais, les frères Shahim), et enfin, après avoir enregistré quelques titres sous le nom de Melody Aces, en fondant son propre orchestre, les Black Santiagos !

Les Black Santiagos, fondés en 1964, et bien que faisant face à la concurrence de la rumba conglaise qui se propageait alors sur tout le continent, ils gagnent rapidement une popularité qui les mènent sur les routes du Nigeria, du Bénin, du Togo, et bien sûr du Ghana. Il faut dire que pour se distinguer le groupe, dirigé d’une main de maitre par Ignace de Souza, se diversifie, appuie son highlife sur le patrimoine francophone et yoruba du Bénin, mais également sur la richesse linguistique du Ghana, c’est à ce moment aussi qu’il commence à frayer avec un autre courant musical qui commence à prendre de l’ampleur au Nigeria, l’Afrobeat ; Ignace de Souza invitera même Fela et Geraldo Pino à venir se produire sur la scène de l’hôtel Ringway à Accra.

Mais la fin des années 60 marquera le glas de la période ghanéenne de Ignace de Souza, le pays en plein trouble adopte des lois xénophobes en 1969-70 qui contraint le musicien, comme des milliers d’autres étrangers, à quitter le pays. De retour à Cotonou, il reforme les Black Santiagos, mais les contraintes économiques au Bénin, la concurrence de plus en plus vive de nouveau courants musicaux, ralentira quelques peut sa carrière. Oh il continuera de tourner, et d’enregistrer quelques disques, bien sûr… mais le succès ne sera plus le même ; il tâchera de se réimplanter dans le milieu des années 80 à Lagos au Nigeria… il y décédera quelques années plus tard, en 1988.

De sa carrière brillante, aujourd’hui, il nous reste les quelques dizaines de disques qu’il nous a laissés, comme ce Chacun a son problème, sorti sur le label ivoirien Badmos, où l’on découvre quelque part entre les refrains entêtants et les rythmes survoltés, une part du talent de Ignace de Souza !

 

Ignace de Souza et les Black Santiagos – Chacun a son Problème :

Tracklist :
A1. Chacun a son problème
A2. Too Too Gbovi
A3. Deka Wowo
B1. Affaire Grave
B2. Du Courage
B3. N’Gbe Ayihoun- Nin on

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