L’instant vinyle : 48. “Pressure Drop” de Oku Onuora & AK7

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyle », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques de notre collection. Et pour ce quarante huitième opus, nous quittons l’Afrique du Sud (cf. l’instant vinyle n° 47), pour nous embarquer pour la Jamaïque, et nous intéresser au disque Pressure Drop de Oku Onuora & AK7.

L’histoire de notre disque du jour, Pressure Drop de Oku Onuora, prends naissance dans les ghettos de Franklin’s Town à l’Est de Kingston en Jamaïque, et en prison. Oku Onuora, de son vrai nom Orlando Wong, est un de ses artistes jamaïcains qui a grandi dans les bidonvilles, encerclé par la misère et une violence rampante ; jeune déjà il trouvait du réconfort dans la musique, et les enseignements du rastafari. C’est d’ailleurs comme ça, qu’associé avec quelques jeunes militants, il a mis en place un projet éducatif communautaire ayant pour but d’envoyer à l’école les enfants des familles les plus déshéritées.

Pour financer cet honorable projet, Oku Onuora, idéaliste inconscient alors âgé de 19 ans, ne trouva mieux comme idée que d’aller braquer un bureau de poste. L’opération se soldera par un échec, Oku fut arrêté, et condamné à 10 ans de prison pour braquage à main armée. Mais, il tentera de s’échapper à deux reprises, dont une particulièrement rocambolesque, où il se fit la belle, en sautant par la fenêtre du palais de justice. Quelques semaines plus tard, il fut retrouvé, et abattu, touché à 5 reprises par les balles des policiers ; mais il survécut.

Emprisonné en 70, il fut un prisonnier à risque, instiguant des départs d’émeute, et militant pour une reforme du système pénitentiaire, mais il trouva une fois de plus refuge dans la musique, et, ce qui fut déterminant pour le reste de sa vie, la poésie.

Les années passèrent, ses textes saisissants, partagés entre la voix du rastafari, et l’écho de toute cette souffrance et cette sourde colère qui l’entourait, commencèrent à rencontrer un succès certain auprès des autres détenus ; à Noël 74, il fut même autorisé à se produire en concert au côté du groupe Light of Saba. Malgré la confiscation par un gardien de son premier recueil de poésie « subversive », ses mots commencèrent à être diffusé hors des murs de la prison, et couplés à son image de Robin des bois rasta, ils rencontrèrent même un grand succès !

De nombreuses associations, et communautés artistiques commencèrent à exercer des pressions sur les autorités jamaïcaines pour exiger la libération de Oku Onuora. Et après qu’il eut remporté trois prix lors du Festival Littéraire de Jamaïque en 76, et avoir vu plusieurs de ses poèmes être publié dans la presse nationale, les autorités jamaïcaines allégèrent les conditions de son incarcération en 77, l’autorisant à se produire à l’extérieur, avant de finalement le gracier le 1er septembre de cette même année.

Libre, il put se consacrer pleinement à son art poétique, en explorant tout ses facettes, du recueil à la pièce de théâtre, en passant par les disques, où il pouvait faire perdre l’écho de ses mots dans la réverbération des basses ; un savant mélange appelé simplement Dub Poetry. C’est d’ailleurs une partie de son premier livre, ECHO, qui fut mise en musique sur ce disque qui nous intéresse aujourd’hui, Pressure Drop, enregistré au Tuff Gong Studio de Kingston, et sorti en 1984, sur le label français Blue Moon Productions, et aux États-Unis chez Heartbeat Records (et si vous vous posez la question de savoir qui est ce mystérieux AK7 qui a apposé son nom à côté de celui de l’artiste, ce n’est autre que le producteur et l’arrangeur du disque).

 

Oku Onuora & AK7 – Pressure Drop :

Tracklist :
1. A Slum Dweller Declares
2. Dread Times
3. Sketches
4. Last Night
5. Pressure Drop
6. (Heathen) Let Wi Go
7. Thinkin’
8. The Call
9. Beat yuh Drums
10. Decolonization
11. Change Yes Change

 

Si vous avez apprécié le contenu de cet article sur Pressure Drop de Oku Onuora & AK7, notre instant vinyle de la semaine, n’hésitez pas à visiter notre page facebook et a y réagir, et pourquoi pas même nous encourager d’une petite mention « j’aime ».

 

1 Comment

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.