L’entretien : les jumeaux de Los Grumos

Entre hip-hop et afrobeat, avec une touche de hiplife, Mc Rey et Mc Ro, les jumeaux franco-ghanéens de Los Grumos, expriment la dualité de leurs cultures en musique ; mais sur leurs dernières créations, les deux frères poussent le curseur encore un peu plus loin vers leurs africanités, avec un titre estival, « Adjoa », qui vous fera plus que jamais danser au son de l’afrobeat, à la sauce ghanéenne. Les P-Square n’ont qu’à bien se tenir, il y a des nouveaux jumeaux sur la scène afrobeat, et ils ont bien l’intention de durer.

On a eu la chance d’avoir pu les rencontrer, et dans un long entretien, truffé de savoureuses anecdotes, ils nous ont dévoilé les coulisses de Adjoa, leur vision de la musique, et leurs aspirations pour l’avenir !!

 

L’entretien :

Djolo : Pour ceux qui ne vous connaitraient pas, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Los Grumos : Salut, tout le monde, nous c’est Los Grumos, on est deux frères jumeaux… c’est vrai que là vous pouvez pas vous en rendre compte, mais on est vraiment jumeaux, on vient du 9-5, d’Argenteuil, on est d’origine ghanéenne.

Djolo : Quelle est la signification de votre nom de scène, Los Grumos ?

Los Grumos : Bon… Los Grumos, c’est un nom qui nous suit depuis toujours. Quand on était petit, dans notre quartier, les grands nous surnommait les Grumeaux, rapport au Razmokets, car dans ce dessin animé on surnommait comme ça des jumeaux, plutôt turbulents… et vu que ça correspondait plutôt à notre état d’esprit de l’époque, le surnom est resté !

Djolo : Justement, enfant, quelle musique écoutiez-vous ?

Los Grumos : Déjà enfant, on était très éclectiques dans nos gouts musicaux, on a écouté beaucoup de reggae, Bob Marley, Tiken Jah, Alpha Blondy… des morceaux qui délivrait de vrais messages ! Ensuite, on écoutait aussi du reggaeton, et du ragga, comme Sean Paul… et bien sur la musique de chez nous, du Ghana, le highlife et le hiplife… à l’époque l’azonto, ou le nu-afrobeat n’existait pas encore, donc, on écoutait des artistes comme Daddy Lumba, Kwabena Kwabena… et aussi du rap, un peu de français mais surtout du US ; parce que le rap français, au début, on ne comprenait rien aux métaphores, on ne savait jamais où ils voulaient en venir… c’est plus tard en grandissant, et en lisant qu’on a appris a apprécier les textes ! Mais enfant, on préférait le rap US, car, à n’y rien comprendre autant apprécier le flow des cainri qui glisse bien !

Djolo : Comment c’est fait le lien avec la culture ghanéenne, à quel moment vous êtes-vous intéressé à sa musique ?

Los Grumos : En fait, on a toujours baigné dedans… dès qu’on a eu 2 ans, notre père nous a emmenés là bas, puis tous les deux ans il s’arrangeait, même si ce n’était pas toujours facile financièrement, pour qu’on retourne au pays.. Donc imprégné des deux cultures, notre intérêt s’est naturellement porté sur la musique ghanéenne, et on a à maintes reprises essayé de faire du son de chez nous… on a fait des collaborations avec des artistes de chez nous, comme celle avec Bradez, sur « Abi Ma Love »… mais sur nos tentatives d’afrobeat, il manquait quelque chose, et c’est là, lors d’un voyage au Ghana au mois de janvier, en allant à la source de ce rythme qu’on a eu le déclic, et avec notre beatmaker Cabum, on a enregistré le morceau Adjoa en à peine une heure !

Djolo : D’ailleurs à propos de Cabum, comment se passe votre collaboration ?

Los Grumos : Cabum, ça fait peut-être 4 ou 5 ans qu’on le connait. Ça date de l’époque ou on est allé au Ghana, avec l’intention du faire du son ghanéens, mais ce n’était pas facile, on ne connaissait pas forcément beaucoup de monde, puis à l’époque il n’y avait pas des studios à tous les coins de rue ; et c’est là que notre cousin nous a parlé du petit frère d’un de ses potes, qui commençait à être un peu connu en ville. Il nous l’a présenté, et le feeling et tout de suite passé, on a commencé à enregistrer chez lui, puis il nous a montré ses prods, il a commencé à composé pour nous… puis voilà c’est comme ça depuis de nombreuses années maintenant.

Djolo : C’est quoi l’histoire derrière votre dernier titre, « Adjoa » ?

Los Grumos : C’est notre mère qui nous a donné le nom. En fait on était au Ghana, au bord de la piscine, un matin, et mon frère et moi on fredonnait une mélodie, et c’est un de nos cousins qui était avec nous, qui nous a dit « les gars, franchement, la mélodie elle est lourde, ce serait bien que vous fassiez un morceau avant de quitter le pays », nous on partait deux jours après. Sur un coup de tête, j’appelle Cabum, pour savoir s’il est dispo ; il me dit qu’il a une session qui vient d’être annulée au studio et qu’il a le temps. Là, on est parti direct, on a laissé nos chichas, nos cocktails au bord de la piscine et on a sauté dans la voiture… comme si on sentait qu’il y avait quelque chose de positifs qui allait se passer. C’est là que mon frère a appelé notre mère pour lui demander conseil d’un prénom féminin ghanéen qui sonne bien et qui soit facile à retenir, et elle a trouvé Adjoa !

Et quand on était au studio, on a senti que quelque chose se passait, quand on a fini le morceau, il y a spontanément une trentaine de personnes qui se sont amassées autour du studio, attiré par le son, et qui ne se gênait pas de commentaires positifs : « Mais c’est quoi ça ! C’est lourd ! » « Non, Cabum c’est toi qui as produit ça » etc… Un engouement populaire qui nous a été confirmé lorsqu’on a mis en ligne, sur les réseaux sociaux, un petit extrait. En quelques minutes on a reçu plusieurs centaines d’avis favorables, à tel point que ça a même fait bugger nos téléphones portables !

On a pris beaucoup de plaisir à faire Adjoa, et je pense que depuis qu’on fait de la musique ça doit être notre plus bonne !

Djolo : Le clip de « Adjoa » a été co-réalisé par un autre grand nom du rap franco-africain, Mokobé ; comment s’est passée votre rencontre avec lui ?

Los Grumos : Bon… Mokobé, le premier contact qu’on a eu avec lui c’était il y a longtemps, peut être 4 ans, il nous avait envoyé un message sur Facebook par rapport à un de nos clips « On Plane » ; bon, au début on y croyait pas, mais en vérifiant on s’est aperçu que c’était vraiment lui ! Donc on a échangé quelques remerciements puis ça s’est arrêté là.

Presque un an plus tard, on est sur les quais, posé tranquille avec un ami, et là on voit que Mokobé est en représentation dans un bar à chichas juste à côté, donc on y va. Mais, arrivé devant, le vigile nous dit que c’est complet, que plus personne ne peut rentrer… bon, ce n’est pas grave, on s’apprête à repartir ; mais là, il y a Mokobé qui débarque un micro à la main — il avait prévu de faire son entrée depuis l’extérieur — et à notre grande surprise, dès qu’il nous voit, il nous reconnait, nous salut, et nous propose de rentrer avec lui ! Là c’était top, quoi, on rentre avec Mokobé, on assiste au show en mode VIP, il nous fait des dédicaces pendant le concert… on était vraiment content ! À la fin, on va pour le remercier avant de partir, mais il nous retient pour discuter un peu. On se pose, il nous dit que notre son est pas mal, qu’il y a quelque chose, mais que sur certains points il faut encore changer deux trois trucs, et que si on est OK il peut nous conseiller. Voilà c’est comme ça qu’il est devenu pour nous une sorte de grand frère, ou de parrain dans la musique. On a commencé à se voir, souvent, discuter musique, puis au fur à mesure d’autres choses, et une amitié a commencé à se créer.

Donc quand on a enregistré Adjoa, on est allé lui faire écouter, il nous a dits : « oui, c’est pas mal », puis deux semaines après, il nous rappelle sur les coups de 3-4 h du mat » et nous dit : « franchement, le morceau que vous avez fait, il y a vraiment quelque chose, depuis que je l’ai écouté j’ai toujours la mélodie dans la tête ! Il faut que vous fassiez un beau clip ! » Donc on tourne un premier clip, on lui montre, mais il n’est pas satisfait, il pense que la vidéo n’est pas la hauteur du son, et nous conseille d’appeler un réalisateur qui s’appelle Nicolas Noël ; c’est une pointure en la matière, il a réalisé les clips de Rhoff, Kaaris, ou même le dernier Mokobé en featuring avec P-Square. Nicolas Noël, bien qu’habituellement il traite plus avec les maisons de disque directement, a accepté de travailler avec nous, c’est comme ça qu’avec lui et Mokobé on a réussi à sortir la version actuelle du clip d’Adjoa. Voilà donc Mokobé, c’est une prise de contact il y a 4 ans, puis une amitié qui est né, et maintenant un clip, où il fait même une apparition dansante… et si vous n’avez jamais vu Mokobé danser, allez voir le clip… c’est pas mal (rires) !

Djolo : Une question bête maintenant, je me souviens qu’il y a quelques années Mokobé avait été reçu et décoré par ATT, alors président du Mali, quand est-ce qu’à votre tour vous serez reçu à la présidence ghanéenne ?

Los Grumos : …(rires) Non, nous, on n’y avait jamais pensé, ce qu’on veut avant tout c’est faire reconnaitre notre musique au Ghana, pouvoir participer à de gros événements, et pourquoi pas même rêvé à une récompense musicale, genre Ghana Music Awards, mais après les honneurs présidentiels… ça, ce sont des choses qui dépassent le simple cadre de la musique… alors peut être un jour, mais ce n’est vraiment pas notre objectif !

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Djolo : On a beaucoup parlé de collaborations, avec Cabum, Mokobé, Bradez… mais concrètement, travailler en famille ce n’est pas trop dur ?

Los Grumos : Bon déjà, on a passé 9 mois ensemble dans le ventre de notre mère… enfin 7, on a grandi vite ; et depuis on est toujours ensemble, on ne se quitte pas, donc travailler en famille c’est vraiment quelque chose de positif !

Djolo : Et comment vous répartissez vous le travail, est-ce que, par exemple, l’un de vous est plus spécialisé dans les mélodies, et l’autre dans les lyrics ?

Los Grumos : Non, ça dépend vraiment de l’inspiration, du feeling de chacun.

Djolo : Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes de France, ou, d’une manière plus générale, d’Occident, qui voudraient tenter leur chance en Afrique ?

Los Grumos : Déjà, une chose importante c’est de savoir d’où on vient. Ensuite il faut bien se renseigner sur le pays, puis essayer d’y aller… en tout cas ça donne beaucoup d’inspiration. Comme je disais précédemment, nous, au début on a essayé de faire de l’afrobeat en France, mais il n’y avait pas la vibe, il n’y avait pas le truc… et on sait que même si la musique se travaille, c’est aussi sentimental, émotionnel, et donc c’est quand tu sens le truc, quand tu es dans la bonne ambiance, que tu arrives a faire ce qu’il faut, et ce qui peut toucher les Africains, là, avec Adjoa on sait qu’on a touché pas mal d’Africains, le titre tourne, bien sûr au Ghana, mais aussi au Sénégal, en Cote d’Ivoire, et il continu de se propager un peu partout ! C’est donc que les gens ont adhéré au morceau, alors que nous sommes nés en France. Donc pour viser l’Afrique, il faut s’y intéresser sincèrement, aller au moins une fois là-bas ressentir la vibe… c’est primordial.

Djolo : Vous réfléchissez à une tournée africaine ?

Los Grumos : Franchement, la tournée africaine c’est vraiment un de nos objectifs principaux ! L’Afrique c’est vraiment un continent qui nous fascine depuis tout petit, donc, aller y faire de la musique, face à des publics diffèrent, de pays différents, c’est vraiment quelque chose de… de lourd ! C’est lourd d’être sur scène, par exemple en Cote d’Ivoire, ou au Bénin… on est originaire du Ghana, et pouvoir aller promouvoir notre musique dans des pays différents… c’est vraiment quelque chose de positif pour nous, donc on y pense vraiment beaucoup, c’est l’objectif numéro 1 ! Avant même de faire une tournée en France, nous, notre but c’est de faire une tournée en Afrique… on va vraiment faire le max pour y arriver !

Djolo : Quels sont autres projets ?

Los Grumos : Alors, déjà, continuer à promouvoir « Adjoa », parce qu’on sait que c’est un morceau qui est fort ; on a reçu plus de 3000 vidéos de gens qui se prennent en selfies en train de chanter le refrain, ou de danser, et ça, peu importe leurs origines, il y’a des occidentaux, pas que des Français, aussi des Italiens, des Espagnols, mais aussi des Africains, d’Afrique Noire ou du Maghreb ! Donc on fait le maximum pour continuer à le promouvoir ! Ensuite, on travaille, bien évidemment, sur d’autres morceaux… qui donneront naissance à quelque chose, on ne sait pas encore si ce sera un EP ou un album. Et puis… la tournée… la tournée… nous tout ce qu’on veut c’est la tournée, c’est ce qu’on n’arrête pas de dire à notre booker, il n’en peut plus de nous !

Djolo : Le futur album, il sera plus afrobeat, dans la veine d’Adjoa, ou plus hip-hop comme vous avez déjà pu le faire précédemment ?

Los Grumos : Vraiment plus afro ! Quand on a sorti Adjoa, on n’avait un petit doute sur l’accueil que lui réserveraient nos fans, on avait même peur de perdre une partie de notre public. Mais bien au contraire, les gens qui nous suivent depuis longtemps ont complètement adhéré, ils nous ont même encouragés à pousser un peu plus dans cette voie, donc le prochain album sera plus afrobeat, et avec pas mal de collaborations… mais ça, on aura l’occasion d’en reparler !

Djolo : Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ?

Los Grumos : Déjà, la santé… puis on peut nous souhaiter d’avoir de l’inspi, qu’on puisse continuer à faire de bon morceau…. et puis… souhaitez-nous la tournée… souhaiter nous la tournée, vraiment ! Qu’on puisse venir vous voir, qu’on partage des moments avec vous, c’est tout ce qu’on demande !

Djolo : Un mot de la fin ?

Los Grumos : Une dédicace à notre public, à tous ceux qui nous suivent, et qui nous aident, et plus particulièrement à notre RP-Marketing, Myrène, et notre booker, Néral !

Los Grumos – « Adjoa » :

 

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