L’entretien : Jocelyn Balu parcourt le monde avec ses aigles

Alors qu’il vient de publier son EP N’Za, le musicien congolais Jocelyn Balu, nous a accordé quelques instants pour nous parler de cet album, de la politique dans son pays, et en Afrique, et de ses projets, qui le mèneront notamment au Cap Vert, pour L’Atlantic Music Expo (vous pouvez d’ailleurs l’aider dans cette entreprise via ce lien vers sa campagne de crowdfunding).

L’entretien :

Djolo : Pour ceux qui ne te connaitraient pas encore, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Jocelyn : Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Jocelyn Balu, artiste musicien, auteur, compositeur et arrangeur, originaire de la République Démocratique du Congo.

Djolo : Tu viens de sortir un nouvel EP intitulé N’Za, peux tu déjà nous dire un mot sur ce titre, puis sur ce que l’on retrouve dans cet album ?

Jocelyn : N’Za, que l’on pourrait traduire en français par « Le monde », c’est l’expression du regret, c’est l’expression du quelqu’un qui regrette la tournure qu’a pris notre monde d’aujourd’hui avec toutes ses anti-valeurs.

Sur N’Za, j’ai travaillé à créer une musique qui suit un chemin dans l’histoire du peuple Kongo, vous pouvez vous attendre aussi à des couleurs folk, afrobeat (dans le sens ancien du terme), punk ainsi que quelques touches d’inspiration jazz et reggae.

Djolo : Ce sont toujours les Aigles de la Révolte qui te secondent sur cet album ?

Jocelyn : Oui ! Nous travaillons toujours ensemble, et pour N’Za j’ai aussi invité le vieux de 77 ans, May-Plau, un légendaire saxophoniste de la rumba congolaise [qui s’est notamment illustré au coté du Bakolo Music International] ; il intervient sur la chanson « Ba Nkulu ».

Djolo : Serait-ce une erreur de dire que l’on sent sur le titre « Ba Nkulu » des influences un peu capverdiennes ? Quelles sont tes sources d’inspirations ?

Jocelyn : J’ai le sang du royaume Kongo qui coule dans mes veines, et ma musique s’inscrit dans la lignée de ces peuples le Ba Kongo, mais mixée avec d’autres sonorités.

Avec le Cap-Vert, nous avons la même origine culturelle ; sans trop rentrer dans les détails historiques, il faut suivre le chemin des déportations des esclaves venu du centre de l’Afrique. Mon peuple n’a pas été épargné par l’esclavagisme, ils sont passés dans plusieurs régions d’Afrique ainsi que par le Cap-Vert ; et s’ils étaient privés de leur liberté, ils avaient leurs cultures. On peut donc avoir des influences identiques !

Je tiens d’ailleurs aussi à vous informer que je suis sélectionné pour jouer à l’Atlantic Music Expo, qui se déroulera en avril, au Cap-Vert !

Djolo : Tu n’hésites pas à parler de politique, et de sujets de société dans tes chansons, l’actualité est malheureusement souvent lourde dans le monde, et plus particulièrement en RDC, veux-tu partager avec nous ton sentiment sur la situation congolaise, et africaine ?

Jocelyn : Tu sais, ça fait mal de se voir de plus en plus entouré et manipulé par des faux humains, des hommes sans cœur, ils détruisent l’éducation, la santé et les emplois, pour nous laisser que leurs 3 commerces qu’ils ont crée : la politique, la rébellion et la religion ! Tu comprends ce que je veux dire par là ?

Tout est là pour favoriser l’opportunisme et la croyance, dans la religion. Si tu es incompétent, si tu as quelques histoires des livres saints, tu peux devenir un grand friqué ; de même dans la politique, si tu as quelques armes, si tu massacres nous le pauvre peuple, et même si tu es incompétent, tu prends un bon poste. C’est ça la maladie actuelle de la politique africaine, ce ne sont plus les compétences qui comptent, mais plutôt les armes. Dis-moi ce genre de personne auront-elles la volonté de servir le peuple ? MAWA [triste en lingala] !

Djolo : Serais tu d’accord de te prêter un petit jeu explicatif, en résumant en quelques mots chacun des titres de ton EP, N’Za ?

Jocelyn : Oui bien sur !

« Ba Nkulu » : Tu tu tuala bi ulubula badi ku manima, c’est un adage Yombé, peuple du Kongo central (RDCongo) qui veut dire que « c’est celui qui est devant qui montre le chemin aux autres qui sont derrière », en d’autres termes c’est que c’est notre histoire du passé qui nous enseigne ce que nous pouvons faire pour ne pas tomber dans les erreurs de nos ainés.

Aujourd’hui le monde tourne en rond, ceux qui hier abusaient de leurs pouvoirs, ou de l’appui de quelques grandes puissances étrangères, pour dominer leurs voisins, se voient aujourd’hui abusés par ses mêmes voisins, et tout ça n’est qu’un éternel recommencement… on est loin du rêve du vrai panafricanisme, fraternel et pacifique. Il est temps de voir le passé, pour sortir de ce cercle vicieux.

« Batu ba Nza » : C’est une chanson qui parle du monde présent, un monde plus perfectionné technologiquement que jamais, mais un monde rempli d’apparences et d’hypocrisie, le bien devient le mal et vis versa. Beaucoup n’hésitent pas à tuer plusieurs personnes pour juste prendre des richesses, pour ensuite fabriquer des appareils à vendre à bas cout.

Les gens deviennent insensibles à la souffrance des autres, parce qu’au fond d’eux ils savent bien que c’est cette souffrance qui fait leur bonheur.

Tout aussi est confusion, entre ami et ennemi, même celui qui amène dans sa bouche le message de la paix participe peut-être à la souffrance du peuple qu’il est sensé protéger.

Où vas -tu l’homme du présent ?

« Ça va aller » : Des fois devant l’obstacle on a tendance à perdre sa confiance en soi, mais si tu la gardes, malgré la difficulté du moment que tu traverses… ça va aller pour toi.

Garde toujours l’espoir et ait confiance en toi même, ça va aller !

Message d’espoir !

« Mama Yoyo » : Cette chanson c’est l’histoire d’un orphelin qui regrette le départ très précoce de sa maman alors qu’il n’avait que 11 ans. Il chante pour prendre remède de cette blessure incurable, de l’absence irremplaçable de cette mère, la première personne qui l’avait initié au chant.

« Zitisa » : Dans la chanson Zitisa, je dénonce les violences faites aux femmes, tout en expliquant leurs valeurs que nous ignorons jusqu’à ce jour ; une femme c’est le climat du pays, un thermomètre, quand elle est en paix tout le monde est en paix, et quand elle souffre tout le monde subit ce traumatisme.

Djolo : Footballistiquement, et de manière plus triviale, c’était il y a peu la CAN… un mot aux Léopards ?!

Jocelyn : Mes encouragements pour les vaillants Léopards, nous avons une bonne équipe et l’avenir est meilleur pour notre Football.

Revenez fort pour les éliminatoires du mondial ! Fimbu esili te !

Djolo : Quels sont tes projets pour 2017 ?

Jocelyn : Pour le moment nos fans consomment N’ZA, vous pouvez le trouver sur toutes les plateformes de téléchargements.

Nous sommes aussi, comme je le disais précédemment, sélectionnés pour Atlantic Music Expo 2017. Et là on vient de lancé notre campagne de crowdfunding pour compléter notre budget de voyage, je mets le lien à ta permission, nous avons vraiment besoin de l’aide de tout le monde !

Cliquez ici pour aider Jocelyn via sa campagne crowdfunding sur KissKissBankBank

Djolo Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?

Jocelyn : La paix dans mon pays la République Démocratique du Congo, en Afrique en général, et dans le monde entier.

Jocelyn Balu – N’Za :

 

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