La Locura de Machuca ou la bande-son de l’amour au temps du corona

La Locura de Machuca ? C’est un peu la bande-son de l’amour au temps du choléra extirpé des méandres du passé — a-t-on vraiment remisé à ce point l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez ? — et remis au goût du jour par Samy Ben Redjeb d’Analog Africa, secondé de prêt par Lucas Silva de Palenque Records… oui La Locura de Machuca c’est la bande-son de l’amour au temps du corona !

Mais avant de parler d’amour La Locura de Machuca c’est surtout une histoire (oui d’accord un disque aussi, disons un disque qui raconte une histoire alors !), une histoire de reconversion, celle d’un homme qui a tout plaqué pour changer de vie, ce genre d’histoire qui mène un cadre sup’ à ouvrir un restaurant écoresponsable et équitable, oui, ce genre d’histoire qui pousse un publicitaire survolté de poudre à tout quitter pour élever moins d’une dizaine de chèvre dans un lieu reculé… C’est l’histoire d’un homme, ou plutôt de la folie d’un homme, celle de Rafael Machuca, un notable de Barranquilla, un avocat fiscaliste de haut rang et à qui la vie promettait tout ce que la vie peut promettre de réussite et de reconnaissance à un avocat fiscaliste… et puis, un soir de 1975… tout à basculé… la locura.

Rafael devait organiser une soirée d’entreprise, tout ce qui a de plus commun. Il a donc demandé à un ami, un peu plus versé que lui dans les arts de la musique de lui dégotter quelques groupes locaux pour animer la soirée… et là tout à basculer… la locura ! Ah… on a déjà joué de cet effet dramatique ? Bon… disons alors que Rafael Machuca, subjugué par la musique, par l’énergie et la créativité des groupes qui se sont succédé ce soir-là, a complètement vrillé, et dès le lendemain a envoyé balader sa glorieuse carrière d’avocat fiscaliste (et il est bon de peser sur le fiscaliste) pour ouvrir Discos Machuca, une maison de disque un peu barrée où il pourra laisser libre court à son imagination, et ouvrir la voie à un courant musical aujourd’hui omniprésent en Colombie, la champeta !

Analog Africa retrace les origines de la champeta

À la croisée de la musique africaine et de la musique sud-américaine, remontant le courant d’une cumbia crépitante, louvoyant entre la sensualité d’une rumba congolaise et les passes rapides d’un vallenato écumant, surfant sur une vague de highlife et d’afrobeat, bondissant de la salsa enivrante à des expérimentations plus mystiques, plus sombres aussi… entre 1975 et 1980 le label Discos Machuca a produit quelques un des groupes les plus intrigants, peut-être aussi les plus intéressants, de cette période de l’histoire de la musique colombienne.

Ainsi on découvre sur cette compilation, dansante et étrange, érigé par Analog Africa, les délibérations ente gwo-ka et rock psychédélique d’El Grupo Folclorico, la bouillie diabolique de l’inventeur de la guaracha, Aníbal Velásquez, le tourbillon afro de La Banda Africana, ou de King Somalie, ou encore la pulsion de la Samba Negra, un groupe monté de toute pièce par Machuca. Car, oui, quand Rafael Machuca ne trouvait pas de quoi substanter sa soif de musiques novatrices et curieuses dans les orchestres de la région, il s’employait, un peu à la manière d’un Malcom McLaren latin, à monter lui même des groupes plus ou moins éphémères !

La Locura de Machuca qui vient de sortir chez Analog Africa c’est un grand carnaval hypnotique, c’est cette bouffée de folie qui va nous extirper le temps d’un disque de nos réalités, c’est la bande-son qu’il nous faut en cette période un peu folle, celle de l’amour au temps du corona.

Analog Africa – La Locura de Machuca :

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