C’est un projet des plus singuliers que nous propose Dani Caracola et Barsiluna Agraw Project avec leur premier album, Hamsa. Et pour cause, sur Hamsa, le musicien catalan, entouré de sa troupe de berbère hispanisant, s’emploie à se servir du prisme de la culture, et de la musique, pour résoudre les problèmes identitaires qui électrisent une bonne partie du monde aujourd’hui, et, accessoirement, pour produire une musique métisse qui s’affranchit du cloisonnement, des frontières, et même du racisme.
Déjà, en 2012, Dani Caracola avait tourné sa voix et sa guitare vers l’Amérique latine dans un projet intitulé Cultures Viatgeres (Cultures Itinérantes), mais avec Hamsa, c’est une autre mer qu’il traverse, la Méditerranée, et il marche ainsi sur un chemin à l’histoire millénaire. Ces routes qui furent empruntées par Hannibal à l’époque de la glorieuse Carthage, celles où sont passé l’armée déjà berbère des Omeyyades, celles qui ont vu naitre le génie d’Averroès, celles qu’ont empruntés ensemble juifs et musulmans pour fuir la péninsule ibérique après la Reconquista, celles, fermées, ou se presse aujourd’hui des centaines, peut-être même des milliers de malheureux, jetés sur ces routes de cette migration, qui si aujourd’hui est qualifié d’illégale, fut aussi légale, refuge, armée, et même culturelle à d’autres époques.
Hamsa, c’est donc toute cette histoire, celles des Arabes et des Espagnols, des Catalans et des Kabyles, cette histoire des hommes libres, les Amazighs, que Dani Caracola et Barsiluna Agraw Project mettent en musique. Un cœur bouillonnant de musique berbère, dans lequel coulent les jalons de la musique arabo-andalouse, et qui parfois aussi frémit au rythme antique du gnawa.
Hamsa, c’est aussi le chiffre 5, comme les cinq années qu’il a fallu à Dani Caracola pour murir ce projet. Cinq comme les cinq doigts de la main, celle de Fatma, ce symbole qui a su franchir les gaps des religions, des langues, et des peuples, comme, on l’espère, la musique du Barsiluna Agraw Project.
Dani Caracola et Barsiluna Agraw Project – Hamsa :
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