En Egypte la prison ne tue pas… Ramy Essam lit la dernière lettre de Shady Habash

En février 2018 le chanteur de rock égyptien Ramy Essam, figure notoire de la Révolution et d’une Égypte qui aspire à la liberté, sortait la chanson « Balaha », une œuvre dans laquelle il moquait le dictateur égyptien Sisi, en le comparant à Balaha, un menteur compulsif issu d’un classique du cinéma égyptien.

Suite à cette chanson, les autorités égyptiennes ont arrêté le poète égyptien Galal El Behairy, auteur du texte, ainsi que le réalisateur du clip Shady Habash, et son collègue Mustafa Gamal. ; le rockeur a lui été épargné, car il a fui l’Égypte, et vit en exil en Suède depuis 2014.

Aujourd’hui, Ramy Essam met en musique et en tension la dernière lettre que Shady lui a envoyée le 26 octobre 2019, et dont nous vous proposons une traduction ci-dessous :

La prison ne tue pas, la solitude oui

J’ai besoin de votre soutien pour ne pas mourir.

Depuis deux ans, j’essaie de résister comme je peux à tout ce qui m’arrive, afin que je puisse sortir de prison la même personne que vous ayez toujours connue, mais je ne peux plus continuer.

Résister en prison signifie se résister – se protéger et protéger son humanité de l’impact de ce que vous voyez et vivez chaque jour. Cela signifie perdre la tête ou mourir lentement, parce que vous avez été jeté dans une cellule il y a deux ans, oublié, sans savoir ni quand ni comment vous en sortirez.

Donc je suis toujours en prison. Tous les 45 jours, on me présente devant un juge qui me donne encore 45 jours de prison, sans même me regarder ni regarder les papiers d’une affaire pour laquelle n’importe qui aurait été libéré il y a 6 mois. Quoi qu’il en soit, ma prochaine comparution en cour aura lieu le mardi 19 novembre.

J’ai besoin de votre soutien, et j’ai besoin que vous leur rappeliez que je suis toujours en prison, et qu’ils m’ont oublié – et que je meurs lentement parce que je sais que je suis seul. Je sais que beaucoup d’amis qui m’aiment ont peur d’écrire à mon sujet, pensant que je serai libéré de toute façon sans leur soutien.

J’ai besoin de vous et j’ai plus que jamais besoin de votre soutien.

Shady Habash, le 26 octobre 2019

La prison ne tue pas, mais Shady Habash est mort dans la prison de Tora, dans la banlieue du Caire, le 1er mai dernier. Il avait 24 ans.

Galal et Mustafa eux sont toujours emprisonnés… comme de nombreux autres prisonniers politiques.

Prison Doesn’t Kill / The Last Letter of Shady Habash | السجن مابيموتش / رسالة شادي حبش الأخيرة :

Si vous avez apprécié le contenu de cet article sur « Prison Doesn’t Kill / The Last Letter of Shady Habash » la dernière lettre de Shady Habash, lu par Ramy Essam, n’hésitez pas à visiter notre page facebook et a y réagir, et pourquoi pas même nous encourager d’une petite mention « j’aime ».

1 Comment

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.