Dounia Tabolo de Boubacar Traoré fait résonner un peu de Mali dans le bayou

Chantre de l’indépendance malienne et vedette dans les années 60, artiste déchu puis oublié pendant la dictature de Moussa Traoré, un temps maçon en France pour faire survivre les siens, puis vedette à nouveau, avec un comeback dans les années 90, Boubacar Traoré est un bluesman, un vrai, qui raconte des histoires et des émotions.

Boubacar Traoré est un de ces hommes solides qui reflètent l’histoire d’un pays, les espoirs et les désespoirs d’un peuple. Quelle grâce qu’il ait gardé sa voix, et qu’une chanson comme Soundiata, qui a fait rêver toute une génération, soit enfin enregistrée. Quelle chance de retrouver cet enfant de l’indépendance malienne muri et, malgré toutes ses mésaventures, proche des petits plaisirs de la vie. Pas de Mercedes ni de villa aux lustres dorés pour ce bluesman malien, mais une mobylette et une concession dans les collines de Bamako où il vit avec les enfants de Pierrette et où, le soir, il prend sa guitare et chante sur le monde qui l’entoure.

En 1996, c’est par ses quelques mots que l’écrivain belge Lieve Joris décrivait le bluesman malien Boubacar Traoré dans son livre Mali Blues ; et l’on peut dire qu’ils résonnent encore avec autant de vérité et de perspicacité qu’alors. Le vieux bluesman, âgé aujourd’hui de 75 ans, continue de parcourir et de chanter le monde. Dounia Tabolo, son dixième et dernier album en date l’a conduit une fois de plus à plonger dans les ramifications fluviales qui ont vu naitre le blues, celles du Niger, autant que celle du Mississippi ; c’est d’ailleurs dans la moiteur du bayou, en plein cœur du pays cadien, à Lafayette, Louisiane, qu’il a enregistré cet album.

Entre chanson en bambara, en anglais et en français, le bluesman malien se promène sur les marais de Louisiane, y laissant son sillage malien très reconnaissable, et dans lequel viennent se greffer quelques un des grands noms de la musique du bayou, à commencer par le violoniste Cedric Watson, le guitariste de blues Corey Harris, ou encore l’Américano-Haïtienne Leyla McCalla, qui vient prêter sa voix et son violoncelle à une très belle revisite du titre « Je chanterais pour toi ».

Entre spleens maliens, et cette joie fragile, tendre et mélancolique propre au bayou, Boubacar Traoré signe avec Dounia Tabolo un très bel album emprunt d’une magie qui oscille encore entre maraboutisme mandingue et vaudou louisianais.

 

Boubacar Traoré – Dounia Tabolo :

 

Boubacar Traoré – Dounia Tabolo (EPK) :

 

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