La couleur de l’Afrique de Pierre Akendengue

On vient de se procurer le dernier disque d’un certain Pierre Akendengue, La Couleur de l’Afrique, qui vient de sortir chez Lusafrica… il parait que c’est un grand type niveau musique et poésie, du genre qui a fait plus de quarante ans de carrière, et sortie des disques par dizaines, enfin, c’est ce qu’il dise sur la brochure ! En tout cas la pochette est jolie, faut bien le reconnaitre.

Dès les premières secondes du premier titre, « La couleur de l’Afrique de ma chanson », on se fait cueillir par les violons, et par un refrain un peu vieillot qui chante l’amour, et l’amour de l’Afrique… du déjà vu quoi. Et puis, au 21ème siècle, on pouvait espérer un peu plus moderne, peut-être un beat un peu afrohouse, un tac-tac-tac qui coupe et qui décale, ou un peu d’autotune pour donner un coté plus… afrobeat, non ?

Encore quelques dizaines de secondes plus tard, et voilà que l’effet de la première impression, celle où l’on repeignait cette première chanson comme une œuvre désuète, s’envole, ou plutôt même se fait bouffer par les finesses de l’ornementation, par les grooves qui se mettent en place, par le grain d’une voix au phrasé particulier, par ces mêmes violons qui nous avait perturbés il y a quelque minutes… Voilà, notre daltonisme passager est guéri, on voit maintenant l’Afrique de la même couleur que Pierre Akendengue.

Et le temps d’écrire ces lignes que le disque avance encore. « Gbagbo, Gbagbo, Gbagbo… » quel génie dans ce refrain tout simple, celui d’une « Lettre à Laurent Gbagbo » assourdissante. Assourdissante par sa musique, autant que par son sujet, dans cette lettre musicale à l’ancien président de la Cote d’Ivoire, le chanteur gabonais nous replonge dans le tourbillon de ce terrible mois d’avril 2011, toute cette violence ressurgi, celle des combattants patriotiques aux mains nus, comme celle du commando pas si invisible, celle d’un pays obligé de marcher au pas de l’étranger, celle dirigée contre un peuple qu’en fin de compte tout le monde a ignoré, et qui, aujourd’hui encore, reste assourdi, et attends toujours la réconciliation, la vrai, pas celle pour la télé.

« Oparapara-Para’ », le refrain, les guitares qui dansent et qui nous font danser, et sur lesquels vient se briser cette voix, celle du temps qui passe, celle qui exprime la fragilité d’une Afrique qui est en train de disparaitre, celle des anciens… peut-être l’un des effets pervers du beat un peu afrohouse, du tac-tac-tac qui coupe et qui décale, ou de l’autotune, celui qui donne un coté plus… afrobeat, non ?

Un « j’accuse », rejoint rapidement par d’autre, résonne dans nos oreilles… oui, comme ceux de Zola, avant lui. Là encore le groove subtil, et la finesse des mélodies pourraient venir à nous faire oublier le sujet de ce titre, « Deux-Mocrate », le dernier de l’EP, mais derrières la guitare, et les chœurs de sirènes gabonaises, on retrouve une fois encore la véhémence d’un musicien, d’un poète, mais aussi d’un observateur attentif de son continent, l’Afrique.

Et là se termine l’album, comme notre chronique dessus, quatre titres très réussis, pour un EP qui de bout en bout incarne ce qu’est Pierre Akendengue : un musicien, un poète, un observateur, un acteur, un amoureux, un africain.

 

Pierre Akendengue – La Couleur de l’Afrique :

 

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