L’argent et le Capitalist Blues à l’épreuve du créole de Leyla McCalla

On l’aura attendu peut-être un peu longtemps, mais le voilà, le nouveau cru créole, une douceur haïtienne à la couleur cajun, une fiole du bayou versé dans un océan caribéen, le dernier disque de Leyla McCalla, The Capitalist Blues !

Sur le successeur du très bon A Day for the Hunter, A Day for the Prey, sorti en 2016, on retrouve tout ce qui nous plait chez la chanteuse américano-haïtienne, des chansons intéressantes et sans complaisance qui dépeignent la misère et le bouillonnement étouffant de la société consumériste, celle des Américains, celle de l’Occident, et en fin de compte celle dans laquelle nous vivons tous plus ou moins (bon exception faite peut-être des habitants des iles Sentinelles, au large de l’Inde). Mais plus qu’une opposition brutale et belliqueuse, faites d’une partie qui se voudraient extérieure à la chose, ce qui, à moins d’être Sentinelles, serait un peu hypocrite, Leyla McCalla vacille, détricote, et défait cette société capitaliste toxique de l’intérieur, à grand renfort de blues et de douceur. Cette fameuse douceur créole des Haïtiens, imprégnée de cette mélancolie éternelle, dont elle semble ne pouvoir se défaire, et d’une détermination à toute épreuve, quand au blues… c’est sans surprise celui du bayou, métis, fou, et libre.

Onze titres. C’est le temps que Leyla McCalla s’est donnée sur ce nouvel opus, The Capitalist Blues, pour séduire et assener un coup, qui certes ne sera pas fatal, mais au moins jouissif pour l’auditeur, à cette société capitaliste. Cette société ou l’argent est roi tel qu’elle nous le chante sur le calypso de « Money Is King ». Cette société qui use comme elle a usé le vieux nègre de la très belle reprise de « Lavi Vye Neg » du Trio Select. Cette société qui empoisonne ses enfants, tel qu’elle est dénoncée dans « Heavy As Lead », chanson qui traite de la pollution des sols au plomb, dont a été victime la fille de la chanteuse. Cette société qui mène irrésistiblement vers le chaos, comme le martèle le fracas des guitares électriques sur « Aleppo »…

Une société dont il faut se défaire, mais un disque qu’il faut écouter ! Avec The Capitalist Blues, Leyla McCalla, secondé par King James and The Special Men, l’un des groupes phares de la nouvelle Orléans, signe à nouveau une très belle œuvre.

Leyla McCalla – The Capitalist Blues :

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