Bantou Mentale, le monstre congolais de l’underground parisien

On file à Chateau Rouge, le plus africain des quartiers de Paris, pour découvrir le monstre qui y est né, le Bantou Mentale ! Dans les rues sales et grouillantes de ce quartier du nord de Paris, au milieu des vendeurs à la sauvette, des escrocs à la petite semelle tentant de revendre cigarette comme ticket de metro, dans l’odeur du chanvre et des gaz lacrymo, dans cet univers métis où les sans-papiers de Matongé frayent avec les fils de bourgeois venus s’encanailler façon Congolais… où les policiers viennent se défouler sur les melons abandonnés dans le caniveau, par un clandestin boutiquier de trottoir… ou les banlieusards sont venus faire leurs emplettes exotiques, charriant avec eux les échos des autotunes sympathiques.

C’est là qu’est né Bantou Mentale, une énorme machine à mélange, encore plus même qu’un distributeur de boule de lotos, encore plus même qu’une boite à partouse chic du centre de Paris. Cette grande brasserie des sons et des rythmes, qui a grandi tranquillement dans l’ombre des piles de pagnes et des hôtels particuliers haussmanniens, distille une musique singulière qui s’érige en monstre de grooves et en boulevard du métissage. De larges boulevards traversés par des scansions saturées en lingala qui feraient frémir jusqu’à Jupiter, des boulevards où, sur un air de rumba, rodent de tournoyantes guitares électriques, où s’élèvent le fracas d’une batterie qui rend hommage à Tony Allen avant de plonger dans des bruyants souterrains électroniques. Ah, et les souterrains, parlons-en, électronique, sombre, claquant, là encore le Bantou Mentale fait glisser son ombre, rhabille façon sapeur les robots qui marchent dans les couloirs du métro, fait enfiler un boubou à Lambert, et bouillonne de plus belle avant d’exploser sur un disque éponyme qui vient de paraitre chez Glitterbeat Records.

Car, derrière le monstre, derrière les rues de Chateau Rouge et celle de Matongé, derrière cette pulsation viscérale, ce cri de punk, ce cri de rumba, ce cri de vie, se cache une équipe de turbulents musiciens déjà connus des services musicaux. Cubain Kabeya, batteur qui a frayé avec tous les tenants du son un peu sale de Kinshasa, de Konono N°1 au Mbongwana Star, le guitariste du Staff Benda Bilili, Chicco Katembo, le producteur irlandais — eh oui c’est ça le cosmopolitisme parisien — Liam Farrell a.k.a Doctor L, ancien d’Assassin qui a produit aussi bien Stomy Bugsy que Tony Allen ou Nneka, et, pour finir, et c’est le cas de le dire, une Apocalypse… Apocalypse Mobuka, un chanteur passé par les rangs du Quartier Latin de Koffi Olomidé !

Voilà le portrait de famille est dressé, place maintenant au monstre, au Bantou Mentale !

Bantou Mentale – Bantou Mentale :

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2 Comments

[…] Dans ce grand chaos balayé par les vents et le sable du Sahara, les peuples souffrent, et la rébellion touareg d’antan qui a ouvert la boîte de Pandore en jouant avec le feu du sinistre dieu au drapeau noir a été happée par la guerre ; et pourtant quelques-uns continuent d’avoir espoir de voir un changement positif s’installer dans la région. Parmi ces rêveurs pas si doux, et, espérons, pas si utopiste se tiennent les membres du groupe Tamikrest, qui s’apprêtent à publier, Tamotaït, leur cinquième album studio chez Glitterbeat Records. […]

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