Aziz Sahmaoui, en route pour Hammamet

Vous sentez cette odeur ? Cette odeur fraiche et un peu terreuse, le fleuve Sénégal n’est plus très loin, et déjà la végétation se fait plus verdoyante, et les vaches, grandes cornées un peu faméliques, se pressent vers l’eau salvatrice.

Et ce gout âcre et sucré, vous le sentez ? Celui du thé un peu trop bouilli, qui après avoir glissé au fond de votre gorge, vous reste en bouche de longues minutes, ce thé qui dans l’immensité du Sahara sert de liant entre les hommes, celui qu’on achète quelques ouguiya à un feu rouge de Nouakchott, comme celui qu’on offre sous une tente, ou au bord du feu de Marrakech à Agadez, de Tan-Tan à Nema.

Et voyez-vous ces murs que la lune sème de trèfles blancs ? Ceux de ce palais que les génies ont dorés comme un rêve rempli d’harmonies, ceux l’Alhambra de Grenade, en bas duquel des danseurs à la fierté presque outrageuse viennent agiter leurs corps dans le bruissement des tissus chamarrés et l’insolent claquement des pas sur le sol, l’insolent claquement du flamenco.

Sentez-vous cette bousculade de corps qui se frottent, se touchent, se bousculent ? Celle de cette rue bourrée de vices où, dans un bouillonnement d’hommes pressés, et d’âmes en errance, de lascars qui se serrent la main et de mecs qui se font la bise, né un cosmopolitisme urbain que l’on pourrait érigé en orchestre national, celui de Barbès.

Et l’entendez-vous ? Cette voix d’ailleurs, puissante et fragile, capable d’emporter le raisonnable le plus avisé dans le tourbillon chorale d’une transe immémoriale, celle du gnawa, comme de faire pleurer le cœur le plus endurci avec cette nostalgie de chanteur de raï, déraciné et brisé, qui n’a que sa voix comme seule rempart au gouffre de la vie.

C’est ce flamboyant cortège de sensations et de métissage, d’émotions et de poésie, que Aziz Sahmaoui et son University of Gnawa transportent d’un concert à un autre, d’une scène à une autre. Et, après avoir envouté le public casablancais aux portes de la médina, sur la grande place des Nations Unies, pour la clôture du festival Jazzablanca, Aziz Sahmaoui s’envole aujourd’hui pour Hammamet, où il initiera le public tunisien à sa Poetic Trance, dans un concert coorganisé par l’Institut Français de Tunisie, en ouverture musicale du Festival International de Hammamet, le 11 juillet.

Aziz Sahmaoui – « Nouria » :

Et pour aller encore un peu plus loin dans la compréhension de la transe métisse de l’University of Gnawa, rendez-vous avec les artistes dans ce petit documentaire qui illustre leur parcours durant la conception de leur dernier album Poetic Trance.

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