Ambiance d’Hammamet : La grande fête tarab et populaire de Faia Younan

Ce soir, c’est la chanteuse syrienne Faia Younan qui est à l’affiche du Festival de Hammamet, et c’est salle comble. Slalomant entre les hôtesses distribuant différents échantillons de sucreries, et les chaises installées en renfort des places assises normales, les derniers retardataires se pressent sur les marches de l’amphithéâtre du centre culturel de Hammamet. Et quand ils trouvent enfin une place, il faut y accéder. Les escaliers sont obstrués par divers badauds, ceux cherchant encore une place, ceux étant parti chercher un café, ceux en train de discuter, ou encore ceux attendant que les lumières s’éteignent pour s’y assoir… parfois, le plus rapide est de contourner cette rangée de jeunes filles occupées sur leurs téléphones (il faut préciser que le public est plutot jeune ce soir), et de descendre laborieusement en enjambant les gradins un à un, comptant parfois sur la gentillesse des voisins pour se passer les enfants en bas âges comme l’on échangerait des sacs de riz sur le marché central de Conakry.

Une salve d’applaudissement et de cris retentit lorsque le spot publicitaire de France 24 passe sur l’écran en fond de scène, non pas que le public soit forcement friand de la chaine d’informations en continu Française, mais 22 h vient de sonner et l’impatience gagne les rangs du théâtre.

Quelques minutes plus tard, les lumières s’éteignent, les membres du groupe de Faia Younan, élégamment vêtus de noir, s’avancent sous les applaudissements, et prennent place devant leurs instruments. Deux percussionnistes, un flutiste, un violoniste, un kanounji (joueur de kanoun, genre de harpe couchée très commune dans la musique du Moyen-Orient), un bassiste, et un claviériste ; on apprendra un peu plus tard, quand la chanteuse les présentera, qu’ils sont tous d’origines diverses, certains sont égyptiens, d’autres Syriens, certain Libanais, et même un, tunisien. Alors que les musiciens entament tranquillement une mélodie orientale, sous les yeux d’un public encore un peu distrait, une explosion de joie et d’applaudissement retentit ! Bon, pas de celle qui font trembler les sismographes, comme durant la coupe du monde au début du mois, mais tout de même suffisante pour faire tressaillir le béton des gradins. Faia Younan fait son entrée sur scène.

Tout de blanc vêtu, et il faut le dire assez élégante et charmante, cette jeune fille propulsée, en quelques années à peine, nouvelle vedette de l’Orient s’avance, sous un tissage de lumière dansant dans le ciel, en accrochant au passage les branches centenaires de l’imposant eucalyptus qui borde le théâtre.

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Malgré les millions de vues sur internet, et des fans qui, partout dans les mondes arabes, connaissent ses paroles par cœur — et le public de ce soir ne fait pas exceptions — Faia Younan ne semble pas atteinte du syndrome Justin Bieber (il faut dire que l’on n’a pas encore surpris la jolie chanteuse syrienne a mordiller les tétons d’un stripteaseur dans un cabaret de Beyrouth !) et reste très simple dans ses relations avec le public ; l’on peut même remarquer derrière la passion qui embrase ses yeux d’un gris bleuté, des pointes de timidité.

Les mélodies sirupeuses du tarab oriental s’envolèrent au-dessus du public des premiers rangs, avant de survoler les cheveux bouclés de l’ingénieur du son, concentré sur les clignotements multicolores de sa console, puis de traverser un nuage de fumée de cigarette, avant de franchir les limites de l’hémicycle, laissant l’empreinte de leurs doux souvenirs dans les oreilles de spectateurs ravis.

Ce soir, pendant un peu plus d’une heure et demie, Faia Younan a chanté l’amour, et la liberté devant un public dévot, qui connaissait presque la moindre parole de ses chansons. Elle a recréé les liens anciens entre la Syrie et la Tunisie, en chantant notamment l’héritage phénicien de la Syrie, les mêmes qui 3000 ans auparavant fondaient Carthage. Elle s’est aussi aventurer hors du cadre confortable de l’arabe littéraire qu’elle maitrise à merveille pour aller du coté du dialecte tunisien, déjà en plaisantant avec le public sur les singularités chantantes de leur langue, mais aussi en reprenant deux œuvres tunisiennes, l’une, un classique, de Lotfi Bouchnak, véritable légende vivante de la musique tunisienne, et la seconde en chantant les mots du poète tunisien Sghaïer Ouled Ahmed, des mots épris de liberté et de patriotisme qui ont su égrainer et porter la révolte des peuples de la Tunisie à la Syrie.

Ce fut une grande fête ce soir au Festival International de Hammamet, une grande fête tarab et populaire.

 

Faia Younan au Festival International de Hammamet :

 

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