Ambiance d’Hammamet : Ensemble ! avec Aziz Sahmaoui & University of Gnawa

La soirée était vraiment parfaite ! Ce jeudi 11 juillet, tous les astres, les éléments, ou tout autres signes astronomiques, météorologiques, ou même ésotériques, étaient alignés, et bien alignés ! Pourquoi ? Déjà, et évacuons tout de suite cette question la, car l’équipe nationale de Tunisie, les Aigles de Carthage, ont remporté leur match qui les opposait aux Barea de Madagascar, les envoyant directement en demi-finale de la CAN. Ensuite, et surtout, car, sous le regard bienveillant d’une lune longeant l’horizon nocturne en prenant des airs de géante rousse, Aziz Sahmaoui et son University of Gnawa ont ajouté encore à l’effervescence de cette soirée singulière en ouvrant les festivités musicales de la 55ème édition du Festival International de Hammamet.

Et quel moment de communion ! Alors que la CAN, elle, distingue les nations africaines, Aziz et ses musiciens ont eux, au contraire, réuni. Réunis en premier lieu un public, certes arrivé un peu tardivement au vu des événements que l’on vient d’évoquer, mais bien arrivé. Réunis des musiciens d’exceptions sur scène ; citons-les d’ailleurs sans plus attendre : Alune Wade à la basse avec une élégance sans pareille, Cheikh Diallo avec son mètre trente de cheveux et son grand talent aux claviers, le célèbre batteur algérien Karim Ziad, collé de près par le non moins talentueux percussionniste Adhil Mirghani, le guitariste aussi prodigue que togolais Amen Viana, et bien sûr, accroché à sa mandole et à son micro, le maitre de cérémonie de la soirée, Aziz Sahmaoui. Et, les musiciens ont surtout réuni l’Afrique, l’Afrique blanche, l’Afrique noire, l’Afrique arabe, l’Afrique mina, l’Afrique peule, l’Afrique berbère, l’Afrique gnawa… dans une grande fusion des rythmes et des mélodies.

Ainsi il n’aura pas fallu plus de quelques minutes de concert pour voir le public s’agiter ! Quand le gnawa revisité d’Aziz Sahmaoui et ses universitaires s’est gonflés de rock, faisant remonter une énergie électrique dans les allées du grand hémicycle qui s’ouvre sur la Méditerranée, les spectateurs sont rapidement devenus acteurs de cette folle nuit, envahissant la grande traverse médiane, et s’abandonnant dans la danse, faisant vibrer le béton chaud du théâtre et le cœur des musiciens. Ici, une bande d’enfants se déchainant comme jamais, jetant leurs membres dans tous les sens, là un barbu au chignon bien noué en train de planer au côté de jeunes femmes coordonnant soigneusement leurs mouvements, en face, des fillettes, orientalisant à loisir des mouvements inspirés des désormais célèbres danses Fortnite, au milieu des escaliers, une femme d’un certain âge retrouvant l’ondulation sensuelle de sa jeunesse. La folie de la transe gnawa, se fait rattraper parfois par le tressaillement irrésistible du mbalax sénégalais, arrachant, presque malgré lui, quelques petits pas de danse, vous savez, ce coup de bassin qu’on n’arrive pas à maitriser, et ce genou qui n’en fait qu’à sa guise, à ce vieux photographe arcbouté derrière son trépied. Et puis il y a eu aussi les envolées afro-cubaines, salsa même, planant au-dessus de la pulsation organique, et puis la guitare allant s’égarer du côté du flamenco et de la musique arabo-andalouse, qui finalement retrouve son chemin vers les chœurs du gnawa, qui rassemblent de gré ou de force musiciens et public. Il faut parler aussi de l’oscillation paisible du reggae, qui petit à petit, au fur et à mesure que l’orchestre accélère la cadence, retrouve son rythme d’antan, celui du ska, avant de se faire happer, lui aussi, par le tourbillon gnawa.

Et dans toute cette frénésie chaabi, cette fusion gnawa bouillonnante, cette grande thérapie dansante à ciel ouvert, il y a eu la poésie, celle de Aziz Sahmaoui, qui, entre les litanies anciennes des esclaves noirs du Maroc, a distillé quelques très jolis textes en marocain, mais aussi celle Cheikh Diallo et son cri vibrant qui part de bien plus loin que de derrière son clavier, cette scansion mandingue séculaire qui résonne depuis Soundiata Keita et l’Empire du Mali…

Il y a eu tout ça ce soir-là, la lune rousse et Jupiter brillante, la victoire des Aigles et des Fennecs, et cette communion, cet « Ensemble » africain, avec Aziz Sahmaoui et son University of Gnawa.

Aziz Sahmaoui & University of Gnawa @FIH55 :

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