Ambiance d’Hammamet : Chaouia, fracas berbère dans l’est tunisien

Alors que la cité d’Hammamet était écrasée par une chaleur nocturne moite et étouffante, digne d’un pays tropical, la pluie en moins, malheureusement pour les agriculteurs, le Centre Culturel de la ville a ouvert ses portes pour accueillir le musicien tunisien Nidhal Yahyaoui qui présentait son nouveau projet, Chaouia. Une fois encore, l’ancien chanteur du Bargou08, groupe qui a fait les belles heures de la scène alternative tunisienne, celle qui ne regarde pas d’un œil amoureux les paillettes synthétiques venues d’orient, est allé se plonger dans le terroir musical de son enfance, ce patrimoine de la région de Bargou et de Siliana, cette terre montagneuse à la limite de l’Algérie, habité par un peuple revêche et libre, un peuple berbère, les Chaouis.

Et le grand truc de Nidhal Yahyaoui, que ce soit à l’époque Bargou08, à celle de Alphawin Populaire, ou maintenant avec Chaouia, c’est de s’inspirer de cette matière ancienne, du folklore tunisien, et de le triturer, l’étirer, le travailler, puis de le métisser avec des influences plus modernes. Et ce soir-là, il n’a pas fallu bien longtemps pour que le public, venu tout de même plutôt nombreux, pour un spectacle qui a était annulé puis reprogrammé en raison du deuil national de sept jours qu’à connu la Tunisie après la mort du président Beji Caid Essebsi, découvre quelle décoction occidentale Nidhal Yahyaoui a versé dans son breuvage chaoui. À peine arrivé sur scène, sous les acclamations d’un auditoire un peu ramolli par la chaleur, le groupe a déchainé une tempête de distorsion dans le djebel Bargou !

Aors que le batteur, le percussionniste, et le flutiste s’emploient à maintenir le cap sur les rythmes anciens de cette région rurale de Tunisie, le bassiste martèle sans relâche un vrombissement grave, le guitariste alterne entre accord plaqué façon métal et bourdonnement grunge, et au-dessus de ce fracas s’élève la voix de Nidhal Yahyaoui, qui l’emporte avec ses chansons anciennes de bergers, celles qui parlent de la vie et de la liberté, mais qui surtout racontent l’amour, l’érotisme et la trahison. Et la recette marche, cette fusion entre Rammstein, Pearl jam et Aissa Djermouni — si l’on peut se permettre la comparaison — a secoué le public qui s’est empressé de rejoindre la travée centrale du théâtre pour s’abandonner à une grande danse un peu sauvage, rythmée par les tambours et les youyous, par l’ivresse de la flute et le tumulte électrique, ce genre même de transe qui fait s’envoler les invasions hilaliennes, les Ottomans, et les Français, ramenant tout un chacun, chaoui ou non, à ses origines berbères.

AIN ESSOUDA / Chaôuia de Nidhal Yahyaoui :

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