Ambiance d’Hammamet : Catedral, flamenco et striptease mystique

C’est au Centre Culturel de Hammamet, dans un amphithéâtre encore humide, et clairsemé de flaques d’eau, sous un ciel étoilé, obscurci par seulement quelques nuages blanchis de s’être vidé de leurs charges électriques et de leur humidité, presque trois jours durant (entrainant d’ailleurs l’annulation du concert de Mounir Troudi quelques jours plus tôt) que c’est tenu le spectacle de flamenco Catedral, proposé par Patricia Guerrero. Un spectacle qui, lui-même, a été menacé par les trombes d’eau s’étant déversée sur la Tunisie ; un déferlement climatique très gênant pour les organisateurs de spectacle en plein air, et les touristes venus faire le plein de soleil, mais qui en réalité est un bienfait considérable pour les réserves d’eau et les nappes phréatiques d’un pays en stress hydrique. Alors vive la pluie, vive les oueds qui coulent à torrent, et vive le flamenco !

Et question flamenco… Patricia Guerrero est une sommité. La talentueuse danseuse, et nouvelle figure du flamenco contemporain, a durant près d’une heure et quart déconstruits et réassemblés les codes de cet art ancien, à grand coup de talons et de percussions. Car, s’il y avait bien sûr un guitariste et un chanteur pour l’accompagner sur scène, le flamenco que nous propose Guerrero avec Catedral ne s’axe pas sur le traditionnel cante jondo (chant profond), mais sur les impulsions rythmiques d’un brillant percussionniste, se faisant même parfois bruiteur, logé en fond de scène, et sur les mouvements, et les claquements de mains et de talons d’une danseuse passée maitre en matière de zapateado et de flamenco. Une osmose entre les deux artistes tels que l’on se demande qui, du musicien ou de la danseuse, initie le mouvement… qui mène la danse ! Un peu comme dans ces cérémonies ouest-africaines, où ce n’est pas le danseur qui suit le rythme des tambours, mais les tambours qui suivent les mouvements du danseur.

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Mais au-delà de la performance technique et artistique, Catedral se veut aussi porteur d’un message, et d’une histoire, celle de jeunes femmes qui, engoncés dans leurs robes baroques espagnoles, autant qu’elles le sont dans une Espagne flirtant avec la folie religieuse, représentée sur scène par deux frères jumeaux en tenues rouges d’ecclésiastiques, s’émancipent et se libèrent par les saccades exaltées d’une autre folie, celle de la musique, celle de la danse, celle du flamenco. Ainsi, durant tout le spectacle, elles joueront avec ces sublimes robes imposantes, les faisant valser, virevolter, et même twerker, avant de finalement les ôter complètement à la fin d’un striptease artistique de toute beauté. Mais que les voyeurs remballent leurs jumelles, Patricia Guerrero et ses danseuses, même libérés du carcan religieux, et habillées par des lumières très tamisées, restent élégantes, dans de longues robes de soirée noires aux bras nues.

À la fin de ce vibrant spectacle, tout le théâtre était debout à acclamer les quatre danseuses et les trois musiciens, il faut dire qu’en plus de la beauté et de la qualité du spectacle, le public tunisien retrouve aussi dans le flamenco l’écho de ses propres racines arabo-andalouses.

 

Catedral de Patricia Guerrero au Festival International de Hammamet :

 

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