Ambiance d’Hammamet : De la tornade N3rdistan à l’émotion de Sofiane Saidi

Si cette soirée du Festival de Hammamet était placée sous le signe du Maghreb United avec les franco-marocains-tunisiens de N3rdistan et le chanteur de raï algérien Sofiane Saidi, ce n’en est pas moins deux énergies très différentes qui se sont déployées sur la scène.

N3rdistan, la tornade et la poésie

Tout d’abord N3rdistan, s’il faisait peut-être un peu figure d’outsider, le groupe casablancais s’avère être l’une des vraies bonnes surprises de ce festival ! Aux antipodes des sirupeuses mélopées libanaises et syriennes de Tawaji ou Younan, du rock convenu de Wust el Balad, des pénuries de générosité de Dobet Gnahoré, N3rdistan a explosé sur scène, et explosé la scène dans une tempête sonore qui a tout emporté sur son passage !

Pris dans leur tornade de rock, de hip-hop, de métal, de rap-rave, de musique électronique, et orientale, les mots, ceux qui parle d’amour et de liberté, mais aussi ceux qui parle de révolte et de beauté, leurs mots, mais aussi les mots d’autres, ceux des poètes, ceux qui ont éclairé pendant des centaines d’années le monde arabo-musulman et les cœurs des hommes,  ces mots ont tournoyé au-dessus de l’amphithéâtre d’Hammamet, et dans un déluge de son, de lumières, et de poésie, N3rdistan a emporté la foule avec lui.

Il faut dire que leur musique a tout pour plaire, si l’on devait faire un comparatif, l’on devrait parler d’une version marocaine et contemporaine de NTM, d’un Cypress Hill hissé au sommet de la colline de Casablanca, de l’écho arabe de Die Antwoord (l’élégance en plus !), d’un Atari Teenage Riot orientalisé… et tant d’autre chose, mais en vérité, ces comparaisons ne suffiront pas, N3rdistan est maintenant en phase de passer dans une nouvelle catégorie, celle des groupes que l’on prend en référence pour en comparer d’autres.

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Sofiane Saidi, du raï et des larmes

Vous souvenez-vous de ce temps où le raï ne s’était pas encore noyé dans la reverb et l’autotune, mais qu’il noyait ses émotions et ses souffrances dans un verre de whisky et des basses disco? C’est un peu ça Sofiane Saidi, le raï des survivants, le raï des exilés, le raï d’une génération qui n’a toujours pas pansé les plaies des années noires, celle du terrorisme et du FIS, et encore moins celle d’après, le raï des basfonds , ceux d’Oran et de Sidi Bel Abbès, mais aussi ceux de Paris, de Belleville et des Abesses.

Avec cette urgence de vivre et de faire la fête, cette urgence de noyer les souffrances dans la musique, la nuit, et l’alcool, et aussi avec son charme de roublard, qui sait qu’il l’emportera de toute manière avec sa voix, Sofiane Saidi a plongé le public de Hammamet dans une fête à l’algérienne, une fête à la fois extatique et fébrile, une fête qui titube au bord du gouffre et qui se rattrape de justesse sur l’entêtant rythme des darboukas et des synthés.

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2 Comments

[…] Dans ce noir désert, des guitares saturées fendent l’air chaud et la densité pesante de la distorsion des synthés, elles épousent les formes des dunes, autant que les tournoiements lascifs et hypnotiques de la batterie, avant de s’envoler dans de lancinantes scansions en tamasheq. Probablement que le rock touareg n’a jamais été aussi intense que sur ce disque, et ce grâce au travail du producteur et claviériste du groupe, qui n’est autre que le Tunisien Sofyann Ben Youssef, celui-là même qui se cache derrière le Maghreb United de Ammar 808, et qui a remis sur des raï 2.0 le chanteur algérien Sofiane Saïdi. […]

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