Akaline Kidal de Ahmed Ag Kaedy, aux origines du folk touareg

Si l’on parle de musique touareg, la majorité d’entre nous vont avoir immédiatement en tête les images et les sons d’un rock bourdonnant de guitares électriques, comme en produisent de célèbres artistes comme Tinariwen, Imarhan, ou encore Bombino. Mais l’énergie première de la musique contemporaine touareg se trouve en fait dans la poésie, celle d’une voix accompagnée d’instruments acoustiques. C’est cet esprit que le musicien et leadeur du groupe Amanar de Kidal, Ahmed Ag Kaedy, tente de retrouver sur son dernier album, Alkaline Kidal, dont la sortie est attendue au premier mars, sur le très bon label spécialisé dans ce genre, Sahel Sounds !

Pour revenir un peu sur la genèse de cet artiste singulier, qui a choisi la violence des mots plutôt que celle des armes, il faut parler de sa jeunesse. Car à 18 ans, alors que les touaregs maliens étaient en conflit ouvert avec le pouvoir central de Bamako, réclamant leur indépendance, le jeune Ahmed Ag Kaedy, dans sa ville natale de Kidal, s’est retrouvé face à une question et à un choix ! Comment s’impliquer pour cette cause qui le fait vibrer de toute son âme ? Rejoindre les islamistes, qui déjà s’infiltraient au nord du Mali, ou rejoindre la rébellion touareg.

C’est la deuxième option qu’il choisit, rejoindre la rébellion. Et pour apprendre le maniement des armes, et se former à la guerre, il fut envoyé presque un an dans un camp d’entrainement, financé par Khadafi, dans le désert libyen… il y a appris à tirer, à manipuler des grenades et des explosifs… mais aussi la guitare ! Si bien que lorsqu’il fut de retour à Kidal, ce n’est pas un fusil-mitrailleur qu’il portait en bandoulière, mais une guitare, et dans sa tête, une idée ferme, qui le guide encore aujourd’hui, est née. La paix ! Pour lui, la lutte passera par la guitare, et les mots.

À Kidal il fonde le groupe Amanar, c’est en tamasheq le guide, celui qui guide les bergers et les caravaniers. Les guitares électriques, les percussions, les textes et les chansons… la recette porte ses fruits et le groupe acquiert une notoriété considérable au nord du fleuve Niger, ils se produisent à de nombreuses reprises au Festival du Desert, et bientôt même un peu partout dans le monde !

Mais en 2012, la guerre avale à nouveau le nord Mali, et cette fois les islamistes envahissent le territoire et imposent leur idéologie morbide à tout le monde, touareg, songhaï, bambara, rebelle ou loyaliste… Les sectaires d’Al-Qaida viennent menacer Ahmed Ag Kaedy et sa famille, brisent ses guitares, et lui promettent de lui couper les doigts si jamais il retouche à un instrument. Cette fois-ci il n’y a plus qu’un seul choix… l’exil.

Aujourd’hui, toujours en exil, il s’apprête à sortir avec l’aide de Sahel Sounds, un nouvel album en solo, Alkaline Kidal. La mise en œuvre de cet opus est volontairement des plus minimalistes, quelques guitares acoustiques, des claps, et une voix, celle de Ahmed Ag Kaedy, capturés d’une prise simple sur un petit enregistreur 8 pistes, dans une cave de Portland (là ou le label est basé). Ce dénuement dans les moyens a deux buts, renouer avec l’esprit des débuts, quand dans les années 80 on s’échangeait sous le basin, des enregistrements de chansons contestataires, et porter au mieux tout ce vague à l’âme de Kaedy, où bouillonne le spleen de l’exil, l’irrépressible envie de paix, et la menace de l’incertitude et de la violence.

Découvrez ci-dessous un premier titres extraits de ce passionnant Alkaline Kidal, et rendez-vous le premier mars pour la sortie officielle de l’album, en vinyl, cassette et version numérique !

Ahmed Ag Kaedy – Alkaline Kidal :

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