Mediterraneo, ou le terrible constat techno des drames de la migration

Avant de parler de Wang Inc., clarifions une chose dès à présent, le techno du titre de ce post : « Mediterraneo, ou le terrible constat techno des drames de la migration », ne fait en aucun cas référence à la technocratie et ses affidés, non loin de là, laissez à Bruxelles, à la Ligue du Nord, et autres hongrois et polacks en mal de camps, le soin d’aligner les chiffres des morts en mer dans des tableurs Excel, 1 décès : acceptable, 10 décès : acceptable, 1000 décès : acceptable. Le soin aussi de fermer les yeux sur ces corps boursouflés, aux peaux et aux chairs rongées par le sel et les poissons, de fermer les yeux sur les exactions des gardes cotes libyens comme européens, le soin de ne pas accepter toute la misère du monde, et le soin de dire qu’il faut bien laisser les gens mourir en mer afin de décourager les autres… 1000 décès : acceptable…

Non, ici la techno c’est la musique, et c’est le moyen choisi par Wang inc. producteur italien affolé par les drames qui se jouent au large de son pays, pour exprimer sa détresse devant tant de douleurs et de souffrance… un langage froid, incisif, pour décrire l’indicible détresse de populations qui se jettent entre Charybde et Sylla dans l’espoir d’une vie meilleure… ou d’une vie tout court.

Mediterraneo, le disque qui vient de paraître sur le label bolonais Random Numbers, se divise en 4 titres. D’abord l’oppressant « Fuga », qui raconte la fuite des prisons libyennes, puis l’intrigant « Gommone » nous conduit sur la route de la mer, à bord de bateaux surchargés et défaillants, coincé entre la noirceur des flots, et celle de la mort qui ne plane jamais bien loin. D’ailleurs, « Abbraccio » nous rattrape, et dresse le linceul aquatique d’une mère et d’un fils retrouvé au fond de la Méditerranée, enlacé, tels les amants de Pompéi, dans une dernière et funeste étreinte. Et puis le disque s’achève sur un dernier combat, « Approdo », la lutte entre les associations humanitaires et les gouvernements, les technocrates.

Wang Inc signe ici un disque court et intense, terrible et utile, oppressant et sensible, à écouter de préférence face à la mer… même si vous n’aimez pas la techno.

Wang Inc. – Mediterraneo :

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