Réconciliation et migration des sons avec Immigrant EP de Moktar

Il n’est un secret pour personne qu’il n’est jamais évident de laisser derrière soi une patrie, une communauté, une partie de son identité, pour aller s’aventurer ailleurs, sous d’autre latitude, dans un autre pays, et qu’il est probablement moins facile encore de réussir à s’adapter dans cette nouvelle contrée, et, surtout par les temps qui courent, de s’y faire accepter. Et c’est un peu ce parcours impossible du migrant, de l’Immigrant même, qu’à essayer de résumer Moktar avec son dernier EP. Faut dire qu’étant lui-même un producteur égyptien vivant à Melbourne, en Australie, il sait de quoi il parle quand il s’agit de jongler entre deux mondes, entre deux identités !

Ainsi sur ce petit, mais très bien fait nouvel EP de 5 titres, Immigrant, Moktar réussit à réconcilier les différentes parties de son identité sonore, il mêle des tourbillons de breakbeat à des percées d’oud, il s’engage dans de longs corridors techno et minimaliste, tout en laissant y courir quelques maqams orientaux, les accents house viennent frayer avec ceux chaabi de la musique arabe, les basses tapent dur, les beats aussi. Le bourdon lancinant des mizmars et le roulement étourdissant des darboukas viennent résonner dans le fracas électronique savamment orchestré par Moktar sur cette seconde parution de l’artiste sur le label australien Steel City Dance Discs. Un Immigrant EP très réussi qui parle intelligemment et électroniquement de racines et d’héritage, de migration et de réconciliation.

Moktar – Immigrant EP :

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