Pérégrination Bleu de Kiev à Tanger sur Tchekala

Toute une partie de l’est de l’Europe a aujourd’hui une fâcheuse tendance à se recroqueviller sur elle même, sur la religion, à se terrer dans la peur, ou plutôt dans les peurs. Celles des Russes, celles des mœurs trop libérées de l’Europe de l’Ouest, avec ses couples non mariés, ses homosexuels qui s’affichent librement et même se marient, et, surtout, celles des étrangers, ces hordes d’étrangers noirs, basanés, et musulmans. Et si ces derniers, dans l’imaginaire de cet Est qui a d’autres époques ont tenus têtes aux armées ottomanes, n’ont plus de longs cimeterres recourbés à la ceinture et de couteaux entre les dents, ils n’en sont pas moins tous équipés de ceintures explosives, et de fusils mitrailleurs russes (probablement une sorte de convergence des peurs).

Mais, heureusement que dans ce monde qui a tendance à se figer, il n’y a pas que des Orban, des Porochenko, et autres grenouilles de bénitiers à tendances plus que droitisantes, il y a aussi des musiciens, des vrais, avec à la fois une formation classique, et une furieuse envie de découverte. Ceux-là se sont retrouvés dans une aventure sonore qui va tenter de connecter la musique et l’histoire, de Kiev à Tanger, en passant par les Balkans, le Moyen-Orient, et la Tunisie. Le projet s’appelle Bleu, et l’album Tchekala.

Dans cette équipée musicale, il y a dans la partie européenne, Borys Cholewka, un chanteur ukrainien, spécialiste du chant slave, autant le liturgique que le folklorique, mais qui s’est également formé auprès de grands maitres, à la musique classique indienne, au chant diphonique sibérien, ou encore au chant religieux des maronites du Liban, au côté de Sœur Marie Keyrouz. Dans Bleu, il y a également une autre disciple de Sœur Marie Keyrouz, et elle-même élève de Cholewka, la chanteuse et danseuse bulgare Sophie Tabakov. Et, pour finir, on trouve également l’accordéon belge de Maurice Blanchy.

Concernant la partie maghrébine de Bleu, elle n’a pas à pâlir, car elle est constituée elle aussi de trois musiciens de talents, l’oudiste tunisien Moufadhel Adhoum, formé au conservatoire national tunisien, et au conservatoire des musiques traditionnelles tunisiennes, et deux tangérois, le maitre du violon arabo-andalou Abdelimajid Makrai Lamarti, et le percussionniste Hassan Bouanani.

Donc, sur Tchekala qui vient d’être publié sur bandcamp, malgré que le disque soit le fruit d’un enregistrement de 2001, tout cet orchestre plutôt hétéroclite expérimente la fusion de deux mondes, et vous fera voyager en explorant des classiques du folklore d’Europe de l’Est, avec les ornementations et arrangements subtils des musiciens tunisiens et marocains.

Bleu – Tchekala :

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