Interview : Jocelyn Balu redéfini le folk

Les Aigles de la Révolte, emmenés par leur charismatique leader, Jocelyn Balu, ont créé leur propre style… « le Folk de la Rue », résolument urbain et dynamique, mais aussi engagé. Ils digèrent les frustrations et les colères d’un peuple, pour nous les retransmettre d’une manière simple et sans détour. Ils font partie de ces groupes capables de mobiliser une incroyable énergie durant leur concert, et de mettre cette énergie au service d’un message.

Jocelyn Balu a accepté, malgré les récents événements à Kinshasa, de nous accorder un peu de son temps, pour nous parler de sa musique, de ses engagements, de Kinshasa, de l’Afrique.

Entretien avec Jocelyn Balu des Aigles de la Révolte :

Djolo : Pour ceux qui te découvrent aujourd’hui, peux-tu te définir en quelques mots ?

Jocelyn : Pour ceux qui me découvrent aujourd’hui, je suis Jocelyn Balu, artiste musicien congolais de Kinshasa, leader et créateur du groupe Les Aigles de la révolte. Je suis aussi compositeur, arrangeur et chanteur.


Djolo : Quelle a été l’enfance du jeune Jocelyn Balu ? Quel était son univers musical ?

Jocelyn : J’ai passé mon enfance dans un environnement musical grâce à mes deux parents Mr JOSE BALU et Mme  JACKIE MALONDA qui étaient choristes dans une chorale de Gospel à l’église. Ma mère a remarqué que j’avais une bonne voix, et elle m’a amené à la chorale gospel « Chorevel Selembao ». Là, ils ont aimé ma voix et je suis devenu soliste à l’âge de 6 ans ! J’ai aussi fait beaucoup de football, mais la musique a pris le dessus. Ma maman est décédée quand j’avais 9 ans et j’ai été découragé. J’ai carrément arrêté la musique pendant 2 ans jusqu’à ce que mes amis d’un groupe de Gospel soient venus me chercher pour rejouer de la musique avec eux.

Mon univers musical était constitué de musique traditionnelle d’Afrique, de gospel sud-africain et de musique américaine en général.


Djolo : Et aujourd’hui quels ont été tes coups de cœur musicaux de 2014 ?

Jocelyn : Bon en 2014, je suis resté plus dans l’afrobeat ancien et la musique ouest-africaine. J’apprécie l’âme que donne la musique nigériane actuelle. Mes coups de cœur ont été la belle voie de Zahara la Sud-Africaine, l’album afrobeat de Tony Allen « Film of life » et le dernier album de Congopunq parce qu’il s’inspire d’un groupe d’amis kinois qui jouent du Likembe.


Djolo : De manière générale, qui sont tes idoles ?

Jocelyn : Mes idoles sont : Fela Kuti, Richard Bona, Salif Keita, Étienne Mbape, Youri Buenavantura et Papa Jire le leader du groupe Maisha dans lequel je joue aussi depuis longtemps.


Djolo : Tu définis ta mJocelyn Balu 1usique comme du folk de la rue, mais personnellement j’y vois aussi une énergie rock, es-tu d’accord avec ça ?

Jocelyn : Oui t’as raison, ma musique c’est le métissage de beaucoup de styles. Dans ma musique, il y a des inspirations rock, reggae, afro beat, gospel et des folks d’Afrique, c’est ça qui donne le folk de la rue.


Djolo : Et toujours pour revenir sur ce « folk de la rue », quel est ton ancrage avec cette rue, dans quelle mesure la retrouve-t-on dans tes chansons ?

Jocelyn : Moi ce qui me relie dans la rue, c’est l’énergie quelle dégage, son fort dynamisme. C’est, chez nous à Kinshasa, les marchands ambulants qu’on appelle les « Chayeurs », les cireurs de chaussures qui sillonnent la ville à pied en chantant ou en faisant des sons qui permettent de les reconnaître de loin. Ce sont les enfants des rues aussi qui par exemple font des chansons et des danses pour mendier. C’est cet esprit que je reflète dans ma musique, l’ambiance de la rue, les cris, la danse, l’énergie, les mélodies et quelques textes. Le folk de la rue se distingue aussi du folk « tradi » qui vient plutôt de la campagne. Ma musique s’inspire des traditions rurales, mais elle est profondément urbaine.


Djolo : Le groupe s’appelle Les Aigles de La Révolte, quel message doit-on y voir ? La révolte oui !, mais contre quoi ? Les situations qui nécessitent de se révolter sont, en Afrique et dans le monde, malheureusement nombreux… Jocelyn, quelle est ta révolte ?

Jocelyn : Ce qui me choque c’est notre façon de détruire la nature pour exploiter les minerais comme le pétrole ou le coltan. C’est un suicide à long terme.

Par mes chansons je veux réveiller les Africains sur leurs responsabilités de protéger leur immense biodiversité et leurs cultures. En République démocratique du Congo, nous avons le deuxième poumon du monde, et nous sommes en train de le piller et de le saccager. Je suis révolté contre le mauvais usage de ce patrimoine mondial, et les pillages de nos richesses en toute impunité. Les entreprises internationales et les groupes rebelles détruisent nos richesses et nos cultures en braconnant les gorilles, en chassant les bonobos, les okapis, les rhinocéros blancs, et les éléphants. Ils pillent la nature, violent les femmes, recrutent les enfants soldats. Vous savez que l’année dernière, un groupe rebelle est entré dans le parc national des Okapis, qui n’existent que là bas, et qu’ils ont tué sans raison presque tous les Okapis qui y étaient protégés ? Vous savez que des entreprises internationales pétrolières ont payé des bakchichs pour exploiter le pétrole dans le parc Virunga où vivent les gorilles de montagne, et qui est le deuxième poumon de la planète ? Je voudrais que mes chansons passent le message sur les dangers que l’homme provoque contre la nature, pour dénoncer les antivaleurs de mon pays et transmettre le message du peuple congolais au-delà de nos frontières.

 

Djolo : Quels vont être tes projets pour 2015, on peut voir que tu viens de te créer un compte bandcamp, quels sont tes prochaines actualités, concert, album… ?

Jocelyn : Là, je viens de finir mon album live que j’ai enregistré à l’Institut Français de Kinshasa grâce à Vu Prod, que je remercie en passant ; on est en train de discuter avec l’IF de Kinshasa pour sa sortie officielle, qui sera soit à la fin mars ou début avril. Mon projet est de continuer à faire tourner mon spectacle-performance nommé « Une Balade en forêt/plainte de la nature contre l’homme “. Je suis en train de chercher les sponsors pour organiser un grand concert dans le quartier de mon enfance «  camp Luka » qui est aussi un des quartiers les plus défavorisés et ghettoïsé de Kinshasa. Je rêve de faire une tournée en Afrique cette année et, pourquoi pas, en Europe.

           

Djolo : Pour dire un mot plus trivial, c’est la CAN en ce moment, tu veux avoir un mot d’encouragement pour les Léopards (l’équipe nationale de RDCongo), ou une autre équipe ?

Jocelyn : Je vais citer alors les paroles d’une de mes chansons. Là nous venons de passer en quart de final avec 3 points, alors Léopards « gardez l’espoir malgré les difficultés, ça va aller et tu vaincras »


Djolo : Un mot de la fin ?

Jocelyn : Pour finir, j’appelle tous les tourneurs, les producteurs et les festivals d’Afrique et d’Europe, pour les avertir que je suis prêt et motivé pour partager mes messages avec le public. Vous pouvez me contacter sur ma page facebook, ou via les gestionnaires de ce site (aodren@djolo.net).

 

Merci à tout le monde

 

 

Djolo : Merci beaucoup de ton temps Jocelyn !!

 

 

 

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