Des Djibouti Archives qui démarrent un 4 Mars dans le golfe de Tadjoura

Quoi ?! Non ? Vraiment ? Vous aviez cru que l’on s’était trompé de date, que l’on pensait être le 4 Mars… non ! Tout ceci n’a d’ailleurs rien d’une erreur ! Vous vous souvenez d’Ostinato Records, ce label a qui l’on doit un certain nombre de très jolis disques allant taquiner le passé musical d’Afrique, cette maison fine connaisseuse des rythmes et mélodies de la corne de l’Afrique, et qui n’a pas manqué de le manifester sur des mixtapes et des compilations mémorables ? Oui ! Ceux-là mêmes qui sont dernièrement partis du côté de Djibouti, et qui y ont enregistré un incroyable disque de l’orchestre de la Radiodiffusion-Télévision Djibouti, The Dancing Devils of Djibouti. Eh bien, vous croyez vraiment qu’après avoir bataillé si durement avec la kafkaïenne administration djiboutienne pour pouvoir pénétrer les locaux de la RTD, et ses presque mystiques et immaculées archives, ils allaient en revenir avec un seul et simple disque, aussi bon soit-il ?! Non ! Bien sûr que non, le label Ostinato débute une nouvelle série de disques qui va nous faire découvrir les échos musicaux de Djibouti et du golfe de Tadjura, une série sobrement nommée Djibouti Archives (rien à voir avec Sudan Archives !) et qui démarre sur les chapeaux de roues avec un premier volume dédié à une anthologie monumentale d’un groupe somali plus monumental encore, l’orchestre 4 Mars !

Avec ce Djibouti Archives Vol. 1 : Super Somali Sounds from the Gulf of Tadjoura, Ostinato Records fait donc la part belle à 4 Mars, un orchestre en forme olympique de 40 musiciens qui ont accompagné Djibouti depuis son indépendance, d’ailleurs si le groupe s’appelle 4 Mars c’est qu’il a été formé le 4 mars1977 en même temps que le Rassemblement populaire pour le progrès, le parti qui dirige Djibouti depuis son indépendance en 1977 jusqu’à… ah oui, jusqu’à aujourd’hui ! Alors 4 Mars, un groupe de propagande ?! Oui, certainement, mais pas forcement dans le sens où il a fait la chronique aveugle du parti au pouvoir, mais plutôt dans le sens où il a œuvré à renforcer le tissu culturel fondateur de Djibouti, en agglomérant ensemble tout le paysage culturel, musical, et ethnique de ce petit territoire d’Afrique de l’Est.

Ainsi sur ce disque, on plonge dans des mélopées somalies exceptionnelles, on guette au loin les rivages du Yémen et de l’Arabie, et même ceux l’Asie lointaine, ceux de l’Inde et de la Chine, dont les navigateurs ont, plus d’une fois fait escale sur ces cotes africaines, avant même qu’elles prennent le nom de Djibouti, on se prend au jeu des apports de la musique occidentale contemporaine qui ont infusé jusque là, et on se fait happer par le bouillonnement soudanais, égyptien, mais aussi somali et éthiopien qui tournoient autour de cette date du 4 Mars. Et si l’orchestre n’a pas forcement la notoriété qu’il mérite, c’est que déjà les secrets de Djibouti sont bien gardés — Vik Sohonie d’Ostinato Records est le premier étranger à avoir reçu l’autorisation d’y plonger ses doigts, soigneusement nettoyés au savon et au gel hydroalcoolique — mais aussi que la forme monumentale de l’orchestre avec ses 40 membres l’a, pour ainsi dire, quasiment cloué au sol, ou plutôt cloué sur la scène du théâtre national de Djibouti, ne pouvant en sortir qu’à grand renfort financier que le petit pays n’a que très rarement eu les moyens d’assurer. Sur Djibouti Archives Vol. 1 : Super Somali Sounds from the Gulf of Tadjoura vous retrouverez donc une compilation des performances lives de l’orchestre, enregistrées dans le fameux théâtre entre 1977 et 1994, et sélectionnée et remastérisée avec soin par Ostinato Records. Quelques titres sont déjà disponibles à l’écoute ci-dessous, mais pour découvrir le disque dans intégralité il vous faudra patienter, non pas jusqu’au 4 mars, mais jusqu’au 19 février prochain !

 4 Mars – Djibouti Archives Vol. 1 : Super Somali Sounds from the Gulf of Tadjoura :

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