« Bik Ndour », les étranges saveurs de la table de Jawhar

Il y a dans la vie des invitations qui s’imposent à vous, des rendez-vous que vous ne pouvez pas manquer, même si vous le voulez d’ailleurs, et probablement que « Bik Ndour », le dernier clip de l’artiste tunisien Jawhar Basti en fait partie. Pour illustrer cette chanson issue de son dernier et excellent album Winrah Marah, le Tunisien nous convie à un étrange diner dans un parking de Bruxelles, où il réside… Bruxelles, pas le parking, hein !

Dans une ambiance à mi-chemin entre Nosferatu, oui, le film de Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922, et Possession de Żuławski, non, et l’interprétation de Possession de Massive Attack et Young Fathers dans le clip de « Voodoo In My Blood », le chanteur tunisien nous cueille avec sa voix grave et pénétrante, avec son texte en arabe dialectal complètement assumé, le fameux derja tunisien, et avec son instrumentale parfaite qui ne souffre pas la comparaison avec des pointures du genre… oui, on peut parler de Massive Attack justement, ou même de Pink Floyd.

Dès les premières secondes de « Bik Ndour », on se retrouve projeté dans ce banquet sous-terrain, que l’on devine plutôt inconvenant pour la jeune fille qui y est conviée un peu malgré elle par un pâle personnage, qui entreprend une étrange séance de séduction culinaire, à grand renfort de carapaces de tortues, de tentacules de poulpe, de poisson cru, et autres mets et gelées difficiles à identifier… curieuse méthode, une pression fraiche et quelques frites à grignoter auraient paru plus approprié ! Mais contre toute attente, la technique semble fonctionner, en tout cas aussi bien bien qu’une pilule de GHB glissé dans son breuvage. Puis, alors que la femme dont l’énergie semble aspirée par son inquiétant hôte, et qu’elle parait s’abandonner totalement à celui-ci… la musique s’emballe avec grandiloquence, et un combat en forme de singulière capoeira, ou des mouvements de bassins qui rappellent aux danses populaires tunisiennes, se noient dans une transe mystique vitale. Voilà pourquoi on vous parlait de Żuławski un peu plus haut !

Mais sortons du cinéma, aussi muet soit-il. Enfin citons tout de même d’abord la direction de Jawhar Basti lui-même et de Élise Boennec, l’image de Mihnea Popescu, ainsi que les acteurs, Marion Blondeau et Renaud Cagna, et laissons-nous gagner par cette musique profonde et ce clip grandiose, laissons-nous gagner par « Bik Ndour » de Jawhar !

Jawhar – « Bik Ndour » :

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2 Comments

[…] Oui derrière la versification singulière du melhoun, la poésie marocaine traditionnelle, on retrouve l’inspiration du Paradis Perdu de Milton qui vient habiter les rimes en darja écrites par Wissam El Bouzdaini, mais aussi la production très folk de l’Américain John Mock… En fait pour tout dire, avec cette ambiance très planante, tissée de violons et de guitares, et a laquelle vient se suspendre la voix grave du chanteur et les paroles inspirées de la poésie, on peut sentir poindre dans cette nouvelle chanson des similitudes avec certaines des parutions d’un autre chanteur et poète maghrébin, le Tunisien Jawhar Basti. […]

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